: Reportage "Quand on a besoin de toi, on t'utilise" : les travailleurs sans papiers manifestent devant le Sénat
Plusieurs centaines de travailleurs sans papiers ont interpellé les parlementaires mardi 7 novembre devant le Sénat, qui examine le projet de loi immigration. Le fameux article 3, sur les régularisations dans les métiers en tension, pourrait arriver sur la table mercredi ou jeudi. Son examen a été reporté mardi 7 novembre.
La mesure divise au sein même de la majorité. On estime qu'il y a environ 700 000 travailleurs sans-papiers dans le pays, dont une bonne partie en Île-de-France. Certains sont en grève depuis trois semaines. Accompagnés de la CGT, ils ont manifesté devant la chambre haute pour demander leur régularisation. Intérimaire dans le nettoyage, Mohamad Sissila travaille en France depuis presque dix ans. Il lève les yeux vers le Sénat en espérant être entendu : "Tous ces gens sont des travailleurs. La qualité ne manque pas, l'expérience ne manque pas. Ce qui manque c'est d'avoir un titre de séjour !"
Pas de carte Vitale malgré cinq ans à cotiser
"Les impôts, la sécurité sociale, on paye tout...", renchérit Ibrahima Kalil Keita. Il travaille dans les entrepôts de Rungis mais n'a toujours pas de carte Vitale, malgré cinq ans à cotiser. Il espère que la mesure sur les métiers en tension sera conservée par les sénateurs. "Quand on a besoin de toi on t'utilise. Quand on n'a plus besoin de toi, tu rentres chez toi !", s'indigne-t-il.
Et encore, faut-il savoir quels sont ces métiers en tension. Gérard Ré, du bureau confédéral de la CGT : "Par définition, les métiers en tension sont les métiers où on ne trouve pas de main-d’œuvre. Là, il y en a de la main-d’œuvre, que ce soit dans la gestion des déchets, la construction, la logistique... Nous, on préférerait parler de métiers essentiels, et pour le coup c'est tout à fait juste de les régulariser." Pour l'Île-de-France, la liste actuelle évoque plutôt des bouchers, des géomètres ou encore des infirmiers. Une révision est prévue mais après l'examen du projet de loi, selon le ministère du Travail.
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