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Islamophobie en hausse : "Maintenant j'ai peur pour mes enfants"

Selon l'observatoire contre l'islamophobie, 54 actes de cette nature ont été recensés depuis mercredi. Une "augmentation récente" des actes islamophobes confirmée par le ministère de l'Intérieur. Témoignages.
Article rédigé par Jérôme Jadot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Des tags anti-musulmans ont été découverts le 9 janvier dernier sur la mosquée en construction de Béthune  © MaxPPP)

Serranvillers-Forenville, un petit village à côté de Cambrai dans le Nord. C'est après sa nuit de garde que Hassane Agraou, un médecin urgentiste d'origine maghrébine a fait sa découverte : un sac de détritus avec une oreille de porc probablement jeté par-dessus son portail.  Il a du mal à comprendre. "On est français et on est fier de l'être ". Il essuie régulièrement des insultes racistes et s'est déjà fait traiter de sale arabe. "Maintenant j'ai peur pour mes enfants ".  Et les larmes dans la voix : "Mes enfants m'ont dit papa, il faut qu'on quitte…"

La détresse d'un médecin urgentiste d'origine maghrébine - reportage Jérôme Jadot

 Ne pas attendre qu'il y ait une victime pour renforcer la surveillance des mosquées. C'est en substance le message de la communauté. Certes dans la Vienne, la préfecture vient d'affecter deux membres des forces de l'ordre 24h sur 24 au bâtiment tout juste construit à Poitiers, pris pour cible deux fois déjà depuis jeudi. Dimanche soir, il a été victime d'un début d'incendie.

A Rosny, ce sont des pierres qui ont été jetées hier contre le bâtiment. Et la liste ne fait que s'allonger. Au point que des fidèles envisagent d'organiser eux-mêmes la protection, prévient Mohamed Henniche, le président de l'union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis : "La communauté ne restera pas spectatrice. Il peut y avoir des milices autonomes qui vont défendre les lieux de cultes".

 

En attendant, certaines femmes qui portent le voile, hésitent parait-il à faire leurs courses dans certains quartiers. Les hommes hésitent eux, à porter la djellaba par crainte d'agression ou d'insultes. Les musulmans disent craindre aussi la fin d'une certaine trêve de la fraternité observée ces derniers jours. Et donc une multiplication plus forte encore d'actes islamophobes.

"Même la Mosquée de Paris n'a pas été protégée"

Pour le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie au CFCM, Abdallah Zekri, "on a laissé faire. Quand on entend dire que l'islam n'est pas compatible avec la République, que les musulmans ne respectent pas la laïcité. Et il y a des sites identitaires qui appellent au meurtre des dirigeants de l'islam en France et l'incendie des lieux de culte musulmans"

 Et il regrette le retard pris pour protéger les mosquées, même la Grande Mosquée de Paris.

"Arrètons le deux poids deux mesures" (Abdallah Zekri avec Fabienne Sintès)
 

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