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"Je ne peux pas finir les mois" : la précarité touche 72% des Français "assignés" à leur territoire

La situation de cette Parisienne de 60 ans illustre le quotidien, à l'euro près, que vivent une partie des Français au faible capital économique, social et culturel.    

Article rédigé par franceinfo, Audrey Morellato
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un resto du coeur dans le Doubs le 1er décembre 2012 (illustration). (SIMON DAVAL / MAXPPP)

"C’est une situation très précaire", confie Noura, 60 ans, qui vit à Paris avec de faibles ressources. Sa situation éclaire les constats de l'étude révélée mardi par franceinfo, menée par Elabe et l'Institut Montaigne. Elle montre que 48% des Français ont du mal à boucler le mois. La moyenne monte même à 72% dans le profil des Français "assignés", c'est à dire bloqués géographiquement et socialement par un faible capital économique, social et culturel. 

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Avec un peu moins de 500 euros de RSA par mois et 206 euros d'APL, Noura fait ses comptes très régulièrement. "Je n’arrive pas à finir les mois", souffle-t-elle, confiant qu'elle passe son temps dans la rue pour quitter son logement de 15 mètres carrés le plus souvent possible. Sous son bonnet, elle garde la tête baissée. "Je ne peux pas m’habiller, je ne peux pas manger correctement. Il faut que j’aille dans des associations caritatives pour pouvoir manger, sinon je ne pourrais pas m’acheter de la nourriture tous les jours", ajoute-elle. Noura se considère comme une délaissée de la République, obligée à la dépendance. 

Noura laisse derrière elle des années de travail dans la restauration, mais jamais déclarées. Ses moyens sont maigres : "J’aurais aimé manger du poisson pour ma santé, des légumes. Mais ce n’est pas possible. Quand vous allez dans les Restaurants du coeur ou l’Armée du salut, il y a plus de féculents que de légumes."

Des légumes frais, qui n’en rêve pas ?

Noura, 60 ans

à franceinfo

"M’acheter une paire de chaussures, même si elle est en solde, c’est un budget", poursuit Noura, à propos d'une dépense qu'elle ne s'autorise qu'une fois par an, "une petite folie", dit-elle, et qui correspond à un besoin.

Au quotidien, elle choisit avec soin les magasins dans lesquels elle entre. Et il n'y en a pas tant que ça. Quand elle ne fait pas appel à des associations, elle ne peut se permettre que des enseignes à très petits prix : "Il y a des magasins où je peux m’acheter du savon, des choses pour l’hygiène". Pour la nourriture, "je peux manger des yaourts natures. On n’a pas beaucoup de choix, pas dans les beaux magasins. C’est trop cher, pas accessible."

La seule dépense qui lui est indispensable, c'est celle de l'abonnement à son téléphone portable, un incontournable à 20 euros par mois. "Ça me permet de garder le contact de temps en temps avec mes fils", dit Noura, mais c'est surtout difficile de faire autrement, ajoute-t-elle puisqu'elle doit laisser un numéro à toutes les administrations.

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