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"Jour de colère" : quand l'ultra droite prend la parole

Slogans antisémites, saluts nazis, insultes, violences, la manifestation de dimanche dernier, qui a rassemblé 17.000 personnes à Paris,officiellement contre François Hollande, a montré à l'œuvre une extrême-droite unie pour la première fois depuis longtemps. Un mouvement structuré par quelques groupes qui tentent de faire émerger leurs obsessions dans le débat public.
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (OLIVIER ARANDEL Maxppp)

C'est le
principe des poupées russes : première poupée, le mouvement "jour de
colère", présenté comme la fédération de quelques individus excédés par
la politique menée par François Hollande. C'est sous ce pavillon officiel que
les 17.000 manifestants qui ont défilé dimanche, à Paris, sont partis.

Dans cette
poupée, il s'en trouve une autre : le Printemps français. Née l'année
dernière lors des manifestations anti-mariage gay, cette mouvance regroupe les
opposants les plus irréductibles. C'est elle qui a organisé la manifestation,
avec le soutien d'une galaxie de petits groupes à l'existence plus ou moins
réelle, comme le collectif "Hollande dégage".

Sous le Printemps français, l'Action française

Dans cette
poupée, il y en a une troisième : l'Action française. Royaliste,
anti-parlementaire. Ce mouvement, qui se revendique de Charles Maurras, est une
vieille lune de l'extrême-droite française, puisqu'elle a été fondée à la fin
du XIXème siècle, antidreyfusarde et pétainiste par la suite. C'est elle qui
sert de soutien logistique au Printemps français, accueilli dans ses locaux.

Printemps
français, Action française mais aussi Civitas, le GUD, des éléments d'organisations
dissoutes, comme Renouveau français ou l'œuvre française ; des membres du
Front national aussi, comme Axel Loustau, l'un des proches conseillers de
Marine Le Pen étaient présents à la manifestation de dimanche. Alain Soral, proche
de Dieudonné, qui se revendique "national socialiste", était également
présent, histoire de parachever la photo de famille de ceux que l'on commence à
appeler l'ultra-droite, autrement, les nouveaux fascistes.

Conseillers de Marine le Pen

En
ambitionnant d'engranger un succès populaire avec la manifestation de dimanche,
cette nébuleuse habituellement très éclatée espère s'imposer dans le débat
public et, faire la jonction entre la nébuleuse fasciste et l'extrême droite
partisane, en l'occurrence le Front national.

A ce titre,
la stratégie de dédiabolisation mise en place par Marine Le Pen ne semble pas concerner
certains de ses conseillers, à l'image d'Axel Loustau ou de Philippe Péninque,
ex du GUD, dont il a été beaucoup question lors de l'affaire Cahuzac.

Modérés effarés

Jusqu'à
présent très actifs sur internet et surtout sur les réseaux sociaux, les
fascistes version 2014 ont donc testé la rue. Un succès en apparence, puisque
la manifestation a réussi à rassembler 17.000 personnes, là où quelques
centaines faisaient jusqu'à présent le déplacement. Mais un succès sans doute
basé sur un malentendu. De nombreux manifestants de droite modérés ont
découvert le vrai visage de ceux qu'ils prenaient pour des opposants politiques
au pouvoir.

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