Des députés alertent la justice de possibles "manquements" lors d'un casting d'enfants pour le film "CE2" de Jacques Doillon
Trois députés ont saisi la justice de possibles "manquements" lors du casting d'enfants sur le film CE2 de Jacques Doillon, dont la sortie a été reportée après les accusations d'agressions sexuelles portées contre le cinéaste par Judith Godrèche, a déclaré mercredi 27 mars la députée MoDem Perrine Goulet. Le parquet de Paris a confirmé à franceinfo avoir reçu mardi un signalement de plusieurs députés "dénonçant les conditions dans lesquelles s’est effectué le casting de mineurs pour le tournage du film CE2". "Ce signalement est à l’analyse", a précisé le parquet.
Comme deux de ses collègues avec lesquels elle a saisi le parquet de Paris, la députée de la Nièvre a été destinataire d'auditions filmées dans le cadre de la préparation de ce long-métrage. Présidente de la délégation aux droits des enfants, Perrine Goulet a évoqué de la maltraitance après le visionnage des vidéos.
La production se dit "sereine"
Selon elle, on y voit "une petite fille qui, à plusieurs reprises, exprime le fait qu'elle ne veut pas parler du harcèlement dont elle a été victime. La personne qui fait le casting la force, la pousse, la réinterroge plusieurs fois. On voit que la petite fille se tord, elle pleure, elle ne veut pas parler, mais l'adulte finit par la forcer à parler", a-t-elle raconté à franceinfo.
Dans un communiqué à l'AFP, la société de production se dit, elle, "sereine" et affirme tenir à la disposition de la justice les "preuves" démontrant que "l'intérêt supérieur des enfants avait été préservé". Elle évoque "une maladresse commise par une seule personne dans une seule vidéo d'essai sur plus d'une centaine (…) réalisées".
"Ils demandent à deux enfants de se frapper réellement"
La députée MoDem a également eu accès à une autre vidéo qu'elle a trouvée "très choquante". Lors du casting, des membres de l'équipe de production "demandent à deux enfants de se frapper réellement. Au bout d'un moment, on entend la voix qui dit aux garçons de répondre et le garçon répond trop violemment. La petite fille se fait vraiment très mal. On la voit après pleurer les mains dans les cheveux. On voit la directrice de casting qui dit : 'Non, mais c'est bien, c'est comme ça !'", explique Perrine Goulet à franceinfo.
La production répond ne pas avoir connaissance d'un tel extrait qui, selon elle, ne peut correspondre qu'à la répétition d'une scène et pas à une audition de casting.
Après avoir visionné ces images, les députés les ont fait parvenir en fin de semaine dernière à la procureure de Paris et ont émis un signalement en vertu de l'article 40 du Code de procédure pénale, qui prévoit que "toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République".
Fin février, devant des sénateurs, Judith Godrèche avait assuré que Jacques Doillon avait, pour les besoins de ce film, donné pour instruction de rechercher une petite fille victime de harcèlement "pour lui faire revivre à l'écran ce qu'elle a vécu dans la vie". La société de production avait alors rejeté ces accusations.
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