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Filmée nue, une stagiaire de l'armée forcée de démissionner

La justice a suspendu en référé la "démission forcée" d'une jeune femme de 25 ans qui avait porté plainte contre l'armée. Les faits remontent au mois de novembre. Madeleine était alors en formation dans un centre militaire à Fontenay-le-Comte, en Vendée. Deux mois avant la fin de son contrat elle a été filmée nue à son insu. La victime assure avoir alors été poussée à quitter l'armée.
Article rédigé par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Xavier de Fenoyl Maxppp)

Madeleine, 25 ans, suit une formation d'agent de
restauration au Centre militaire de formation professionnelle de Fontenay-le-Comte,
en Vendée.  Un soir de novembre 2013, au
retour de son service, la jeune femme rentre à la caserne et va se doucher. Ce soir
là, l'équipe de France de football se qualifie pour la Coupe du Monde au
Brésil. Plusieurs collègues masculins sont
encore debout pour voir le match.

Mais alors qu'elle est nue sous la douche, Madeleine remarque un appareil photo au pied de la cabine. Un sergent
est en train de la filmer à son insu. "Les casernements étant malheureusement mixtes ", ce dernier a "passé un téléphone portable entre le bas de la cabine et le sol ", a expliqué Maître Jacques Delacharlerie, l'avocat de la jeune femme.

"Je pensais qu'on me soutiendrait"

Bouleversée, cette stagiaire volontaire du service militaire
adapté en parle à ses supérieurs. "Au début, je pensais me trouver dans
un espace sécurisé, protégé, où on me soutiendrait
", explique-t-elle à France
Bleu Loire Océan. Mais, Madeleine ne se sent pas soutenue par sa hiérarchie, au contraire. L'auteur de la vidéo n'est pas renvoyé, comme elle l'aurait souhaité, et, s'il a été
sanctionné, elle n'en a pas été informée.

Pire, après avoir porté plainte, Madeleine affirme avoir subi des pressions. Elle soutient avoir été contrainte de demander la résiliation de son
contrat de dix mois au sein de l'armée pour convenances personnelles en
représailles à son dépôt de plainte, note le tribunal administratif dans son
ordonnance du 28 février, dont l'Agence France Presse a obtenu copie.

Sous la pression, elle démissionne

Dans un premier temps, la jeune femme refuse de partir. "Il ne me
restait que deux mois pour passer les examens en vue d'obtenir le diplôme. Je leur
ai fait clairement comprendre que je resterais jusqu'au bout
",
raconte-t-elle au micro de Mélanie Domange. Finalement la pression est trop forte et Madeleine démissionne. "A croire que c'était moi la bête noire, moi qui était responsable de
quelque chose
", poursuit-elle 

Le tribunal administratif de Nantes a finalement décidé
de suspendre cette "démission forcée". Cette mesure n'est que
provisoire mais c'est une première victoire pour Madeleine. La jeune femme a également engagé une procédure
au pénal. 

Fin février, le ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, a ordonné l'ouverture d'une enquête interne sur des violences sexuelles et des cas de harcèlement contre des femmes dans l'armée, suite à la publication d'un livre intitulé La guerre invisible.

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