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Fin de la trêve hivernale : "Le premier sentiment, c’est la peur"

A partir de mercredi, les expulsions locatives pourront reprendre, notamment en cas d’impayés. La fin de la trêve hivernale angoisse de nombreuses familles vivant dans l’incertitude.
Article rédigé par Jules de Kiss
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (La fin de la trêve hivernale pour les logements, à compter du premier avril © MaxPPP)

A partir du 1er avril, les expulsions locatives peuvent reprendre en cas d’impayés de loyers. Les cas ne sont pas isolés puisqu’en 2013, la justice a prononcé plus de 120.000 décisions d'expulsion. En 2011, près de 13.000 ont eu lieu par la force publique. Depuis cette date, le ministère de l'Intérieur ne communique plus de statistiques. Les associations, comme la Fondation Abbé Pierre, s'inquiètent du calendrier. Elle a créé "Allo prévention expulsion", une plateforme téléphonique afin d'aider les familles. Depuis cinq ans, des bénévoles et des juristes professionnels se relaient pour conseiller et rassurer des personnes souvent très angoissées.

L'angoisse au bout du fil

Au téléphone, deux bénévoles, Maria et Amadou, prennent chacun plus d’une dizaine d’appels par jour. Une conversation peut durer parfois jusqu’à une heure. Patiemment, Maria écoute ces hommes et ces femmes décrire les difficultés traversées. Un dossier de plus est ouvert, celui de Karima, 45 ans. Depuis un an, elle ne parvient plus à payer son loyer et sa dette se monte aujourd’hui à plus 4.000 euros. Cette mère de famille a caché ses ennuis à ses enfants et elle s'isole dans sa chambre pour téléphoner discrètement.

Avant de conseiller leurs interlocuteurs, les bénévoles de la fondation s‘attachent à faire la part des choses. Mais l’apaisement est difficile en cette période d’achèvement de la trêve hivernale. Frédérique Kaba, directrice de mission à la Fondation Abbé Pierre, témoigne de la nécessité de rassurer.

"Il y a une angoisse encore plus forte de se retrouver du jour au lendemain avec rien. Et quand c’est un impayé, il y a en plus la culpabilité. Le premier sentiment qu’ils traversent, c’est la peur."

La crainte de se retrouver sans rien ne correspond pas toujours à la réalité. Les bénévoles sont là pour donner des conseils sur les dossiers à élaborer, rappeler les droits des locataires et détailler les recours possibles face à un avis d’expulsion.

Fin de la trêve hivernale : le reportage de Jules de Kiss auprès de la Fondation Abbé Pierre

1.500 personnes ont bénéficié l’an passé de la plateforme d’écoute de la Fondation Abbé Pierre, joignable au 0810 001 505.

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