Florence Cassez sur France Info : "Le pire, c'est d'être innocent et jugé sur un dossier qui n'existe pas"
Florence Cassez était
invitée ce jeudi soir de France Info. Quelques heures après son arrivée en France,
la Française emprisonnée pendant sept ans au Mexique a évoqué son sentiment au
moment de sa libération. La jeune femme s'est dit "très très très
heureuse de rentrer dans [son] pays ". Sur ses sept années de prison,
elle affirme que "cela ne se résume surtout pas : le pire, c'est d'être
innocent et d'être jugé tous les jours sur un dossier qui n'existe pas ".
Sur sa libération,
Florence Cassez raconte que le processus s'est déroulé tellement vite qu'elle
n'a "pas eu le temps de dire au revoir à toutes celles à qui j'aurais
voulu le faire. On m'a super-protégée, je n'ai pas eu ce contact et je le
regrette. Je pense que je resterai en contact avec certaines ".
"Retravailler est une
évidence "
Sur son avenir proche,
l'ancienne prisonnière a l'intention de reprendre le travail : "J'ai
toujours travaillé, je n'ai pas pu travailler pendant sept ans donc j'ai été
doublement châtiée puisque j'étais emprisonnée sans pouvoir travailler. J'ai
toujours vécu par le travail, donc retravailler pour moi est une
évidence".
Plus tôt dans la journée, Florence
Cassez s'était exprimée lors d'une conférence de presse, dès ses premiers pas sur
le tarmac de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. Elle avait déjà abordé
certains des sujets :
Sur le retour en France
"Je suis très
émue. J'ai longtemps imaginé ce moment, et j'ai jamais pensé qu'il y allait
avoir autant de monde Un bonheur immense. L'avion a atterri, et moi j'ai
toujours pas atterri. Je suis encore dans le ciel, et très heureuse, dans les
nuages ", raconte Florence Cassez. Elle dit avoir beaucoup rêvé de son
retour en France : "je me réveillais, en pleurant, je pensais ne pas
tenir, ne pas trouver mes mots, et je me trouve finalement très sereine, trop.
Très heureuse ".
Sur le processus de
libération
Avant sa libération ce
mercredi, Florence Cassez affirme qu'elle ne croyait pas qu'elle sortirait de
prison : "les premières fois, j'y ai toujours cru. En 2008, au moment
de la première sentance, j'étais sûre de moi, je sortais. A partir de là, il
est vrai que les fois suivantes, j'y croyais moins, mais j'y croyais très
fortement. Cette fois-ci, je n'y croyais plus du tout ". Elle est
revenue plus en détail sur le récit de sa libération :
La détention
Outre l'éloignement de sa
famille, Florence Cassez affirme que "le pire, ce ne sont pas les
conditions de détention, c'est l'injustice, le fait même d'être en prison. Se
battre contre tout un gouvernement, au plus haut niveau, et être dans leurs
mains, dans leur prison ".
Le rôle de Hollande et
Sarkozy
Florence Cassez est
revenue sur le rôle des deux présidents dans sa libération. Elle dit que
Nicolas Sarkozy lui a "sauvé la vie " en agissant pour sa
libération, à un moment difficile pour elle.
Sur ce qui l'a fait
tenir
L'ancienne prisonnière affirme
que c'est la conviction de son innocence qui lui a permis de tenir en prison. "La
rage de prouver mon innocence, d'être là devant vous aujourd'hui ",
dit-elle. Elle affirme avoir réussi à panser une partie de ses plaies, et en
particulier la colère des premiers mois de sa détention.
"J'ai décidé
depuis longtemps de me battre jusqu'au bout. J'ai eu très peur, mais j'ai voulu
me battre coûte que coûte ", explique Florence Cassez.
Innocente ?
Comme le disent ses
avocats, Florence Cassez affirme être désormais innocente et ne plus avoir à
affronter les juges : "c'est une liberté immédiate et absolu ",
explique-t-elle. Elle rappelle toutefois qu'elle ne connaît pas l'ensemble des
circonstances de sa libération : "j'ai été notifiée, j'ai signé, mais
je ne sais pas ce qu'il s'est dit. Je pense qu'elle a décrété le fait qu'il n'y
a pas de nouveau procès ".
Pour la justice
mexicaine
Florence Cassez espère que
son expérience pourra servir d'exemple, faire jurisprudence au Mexique : "J'ai
souffert en prison pendant sept ans. Mettre les vrais coupables en prison,
c'est aider les victimes des enlèvements. Faire une bonne enquête, et que les
coupables soient emprisonnés, c'est là que commence le respect des victimes
d'enlèvements ".
"C'est une grande
victoire pour les mexicains, justice a été rendue. Mon histoire n'est pas la
seule. Elle peut être parfois incompréhensible pour les Français, alors qu'au Mexique
c'est le quotidien. J'espère que ça laissera un antécédent pour les autres ",
explique-t-elle.
... et après ?
L'ancienne prisonnière ne
pourra "jamais tourner la page ", selon elle : "c'est du vécu, de la
souffrance. Je vais devoir vivre avec, continuer. Je veux me battre pour les
autres ". Quand on lui demande ce qu'elle compte faire dans les mois à
venir, affirme en riant "Je cherche du travail ! " mais
n'exclut pas de raconter son expérience dans un livre. Retourner au Mexique ? "J'aimerais
beaucoup, pour partager mon expérience, je n'ai rien à cacher... Par contre, je
ne sais pas si mes parents me laisseront y aller ".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.