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Fraude fiscale : l'infante d'Espagne devant le juge

Pour la première fois en Espagne, un membre de la famille royale est mis en cause dans une affaire de fraude fiscale. L'infante Cristina, fille du roi d'Espagne, a comparu samedi matin devant le juge Castro, qui la soupçonne d'avoir collaboré avec son mari. Il est accusé d'avoir détourné 6 milliards d'euros d'argent public. Devant le tribunal, la fille du roi a pris ses distances avec les activités de son mari.
Article rédigé par Alix Hardy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Paul Hanna Reuters)

La foule se pressait devant le tribunal ce samedi matin : l'infante Cristina, fille du roi Juan Carlos, comparaissait dans une affaire de fraude fiscale. Une première en Espagne, pays ou la monarchie a longtemps été intouchable - aucun membre de la famille royale n'a été jugé en Espagne depuis l'instauration de la monarchie constitutionnelle en 1975.

Un système ébranlé par la succession de scandales royaux : avant l'apparition de soupçons de fraude fiscale, le roi Juan Carlos avait été épinglé pour un coûteux safari au Botswana, où il s'était blessé en chassant l'éléphant. 

Cours de salsa à domicile

Mais c'est au juge José Carlos qu'on doit l'ouverture du dossier Noos, du nom de la société d'Iñaki Urdangarin, le mari de l'infante Cristina.

Le juge enquête sur le gendre du roi depuis deux ans. Il soupçonne Iñaki Urdangarin d'avoir détourné plus de 6 millions d'euros d'argent public par le biais de Noos, sa société à but non lucratif. Un million de ces fonds auraient été blanchis par Aizoon, la société détenue par l'infante Cristina et son mari.  

Dans la comptabilité d'Aizoon figurent notamment des dépenses de rénovation de la maison du couple, ou même "des cours de salsa et de merengue " donnés à leur domicile. 

Le juge Carlos a convoqué samedi l'infante pour connaître son implication dans les activités de son mari. "Les délits reprochés à
Iñaki Urdangarin auraient 
difficilement pu être commis s'ils n'avaient pas été connus et  approuvés par son épouse ", avait déjà conclu le juge dans un rapport.

Le juge, dont la corruption est le cheval de bataille, est seul dans son instruction. Le Parquet, qui estime qu'il n'y a "pas de délit ", avait déjà annulé une demande d'instruction en 2013.

"En finir avec la corruption"

Devant le juge, la fille du roi d'Espagne a pris ses distances avec les activités frauduleuses reprochées à son mari. D'après les avocats des parties civiles, elle est restée évasive, bottant en touche et affirmant qu'elle ne savait rien. Dans le camp adverse, les avocats de l'infante, elle a été tout sauf évasive. Ils affirment que sa déclaration a été "exemplaire, loyale, sincère, avec des réponses précises ". Elle serait ressortie en souriant et ses avocats disent être "très satisfaits ".

Pour les Espagnols, dont beaucoup étaient massés aux abords du tribunal de Palma de Majorque pour voir l'infante arriver à l'audience, "tout le monde est égal devant la loi. Il est grand temps que les hommes politiques en finissent avec la corruption ".

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