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Harcèlement : une plaignante déboutée se rue sur le prévenu au tribunal

"Il m'a touché et il a gagné", s'est exclamée la femme de 37 ans qui a été déboutée avant d'éclater en sanglots au tribunal de Paris mercredi. La loi sur le harcèlement vient d'être rayée du code pénal.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le palais de justice de Paris, le 1er avril 2011. (WILFRIED LOUVET / AFP)

"Il m'a touchée et il a gagné!" L'abrogation de la loi sur le harcèlement sexuel a provoqué ses premiers remous. Lors d'une audience au tribunal de Paris mercredi 9 mai, une femme dont la plainte venait d'être jugée irrecevable s'est ruée sur le prévenu, écoeurée.

Il y a trois ans, cette secrétaire de 37 ans, avait porté plainte pour "harcèlement sexuel et agressions sexuelles" contre "son supérieur direct" à l'Amicale des retraités de la Banque de France, selon l'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), partie civile à la procédure. Finalement, l'homme de 72 ans n'était poursuivi que pour "harcèlement sexuel".

La loi abrogée, la constitution de partie civile "irrecevable"

Le procès de l'affaire a eu lieu il y a déjà plusieurs semaines. Mais, vendredi, le Conseil constitutionnel a abrogé immédiatement la loi sur le harcèlement sexuel, jugeant la formulation trop floue, renvoyant au législateur la responsabilité de définir clairement le délit. Mercredi, sans surprise, le président a donc annoncé la décision: sont déclarées "irrecevables les constitutions de parties civiles".

"C'est horrible, ça me dégoûte, il m'a pelotée et voilà!" s'est aussitôt exclamé la plaignante. Près de la sortie, elle a empoigné le prévenu. "Tu as gagné!" a-t-elle crié. Avant d'éclater en sanglots: "Il m'a touchée et il a gagné!" Refusant de parler devant des caméras, elle a dit à quelques journalistes: "Cet homme a touché mes seins, mes cuisses, mon sexe. A genoux sous mon bureau, il a touché mes mollets. Et aujourd'hui, j'entends que ma plainte est 'irrecevable'. Comment voulez-vous que je me sente?"

L'avocat du prévenu s'est dit "choqué" par l'esclandre, jugeant "cette exposition d'une douleur préjudiciable" à son client et soulignant qu'il "aurait préféré qu'il soit relaxé sur le fond". Depuis l'abrogation, une instruction aux parquets demande de poursuivre les faits de harcèlement sexuel sur d'autres bases juridiques. Avant son élection, François Hollande s'était engagé, tout comme Nicolas Sarkozy, "à ce qu'une nouvelle loi sur le harcèlement sexuel" soit soumise au Parlement "le plus rapidement possible".

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