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Jérôme Kerviel en route vers la France

L'ex-trader de la Société générale Jérôme Kerviel a repris dimanche soir sa marche depuis l'Italie, à Vintimille, pour rentrer avant minuit en France où il doit purger une peine de trois ans de prison ferme.
Article rédigé par Pierrick de Morel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Jérôme Kerviel a quitté dimanche son hôtel de Vintimille pour rentrer en France © Reuters - Jean-Paul Pelissier)

"Je marche et je rentre vers la France " : sac sur le dos et dans la même tenue de randonnée rouge que samedi, Jérôme Kerviel est sorti de son hôtel de Vintimille dimanche soir vers 19 heures pour reprendre sa marche.

"Je suis invité à rentrer en France, je rentre en France, je n'ai jamais fui mes responsabilités "

Avec à ses côtés son compagnon de route, le Père Patrice Gourrier, et toujours entouré d'une horde de journalistes, il a expliqué vouloir dîner une dernière fois avec ses proches avant, peut-être de se rendre à la police. Après avoir dîner dans une pizzeria de la ville, en compagnie d'une dizaine de ses soutiens, il a repris la route vers 21 heures 30, direction la frontière à Menton, à environ 12 kilomètres. "Je suis serein ", a-t-il ajouté. 

De retour en France avant minuit ?

Il n'a cependant pas précisé s'il comptait bien se rendre au commissariat de Menton, où il est convoqué et doit être d'ici minuit, faute de quoi il sera considéré par les autorités françaises comme "en fuite ". "Si jamais ils décident de m'interpeller à la frontière, la marche continuera avec Patrice Gourrier ", a-t-il simplement répondu aux journalistes.

 

L'ancien courtier a été condamné à cinq ans de prison dont trois ferme pour avoir provoqué des pertes colossales pour son ancienne banque.

Trois scénarios possibles

A partir de maintenant, trois scénarios s'offrent à Jérôme Kerviel : si à minuit, il ne s'est pas présenté devant les policiers français, il sera alors considéré comme un fuyard. Le Parquet général de Paris est prêt à délivrer dans les prochaines heures ou les prochains jours un mandat d'arrêt européen si l'ancien trader décidait de rentrer en Italie.

En revanche, si il franchissait la frontière, plus besoin de mandat d'arrêt : même sans se rendre au commissariat, l'homme pourra être arrêté n'importe où après minuit, par des policiers ou des gendarmes français. Depuis sa condamnation à trois ans de prison, Kerviel est inscrit au fichier des personnes recherchées et un mandat d'arrêt est donc inutile.

Enfin troisième est dernière option : si Jérôme Kerviel se rend de lui-même au commissariat de Menton, il devrait être présenté dès demain à un procureur de la République local pour être rapidement incarcéré dans une maison d'arrêt des Alpes-Maritimes avant, éventuellement, d'être transféré ailleurs.

La classe politique divisée

La classe politique n'a pas tardé à réagir aux derniers rebondissements de la soirée. Le ministre des Finances Michel Sapin a ainsi affirmé que Jérôme Kerviel était "un escroc " qui a été "condamné" et devait "bien entendu purger sa peine ". De son côté, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'est exprimé sur France Inter, invitant l'ancien trader à se rendre.

 

"Je conseille à Monsieur kerviel de rentrer en France" (Bernard Cazeneuve)

Mais toutes les réactions ne vont pas dans ce sens : le président du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon a ainsi affirmé dimanche que  l'ex-trader de la Société Générale, le jugeant "innocent ". "A gauche, on est comme ça, depuis l'Affaire Dreyfus.  Dreyfus n'était pas des nôtres et on l'a soutenu ", a-t-il déclaré sur BFMTV.

"La banque prétend que cet homme lui a fait perdre cinq milliards, elle a toujours refusé toute expertise indépendante qui permette d'attester de cette perte "

 

Or, "sur la base de cette perte, elle a reçu de l'Etat, en moins de deux mois, 1,7 milliard de dédommagements, parce que dans ce type de situation, l'Etat dédommage les banques" . "Nous pensons que Kerviel est innocent et qu'il est un homme qui a été 

transformé en coupable pour favoriser une manoeuvre ", a martelé le président du Front de Gauche, avant de conclure : "Tout ce que nous demandons, c'est que l'expertise des pertes, fondées ou pas de la banque, soit faite d'une manière indépendante ". 

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