Affaire Kerviel : la magistrate enregistrée à son insu dément toute manipulation de l'enquête
Interrogée par "Le Monde", Chantal de Leiris assure que, contrairement à ce que laisse entendre l'enregistrement de mars 2015 réalisé à son insu par une enquêtrice, les investigations sur l'affaire Kerviel "ont été objectivement conduites".
La magistrate Chantal de Leiris affirme que les enquêtes sur l'affaire Kerviel n'ont pas été manipulées par la Société générale, contrairement à ce que laissaient supposer des propos enregistrés à son insu et reproduits trois jours plus tôt par Mediapart et 20 minutes. "La Société générale n'a pas eu prise sur moi, ni sur la Brigade financière", déclare la magistrate dans Le Monde daté du jeudi 21 janvier.
Alors vice-procureure au parquet de Paris, la magistrate avait en particulier travaillé sur des plaintes déposées en 2012 par Jérôme Kerviel et son avocat David Koubbi. Ces derniers accusent la Société générale d'avoir "truqué" l'enquête sur sa perte de près de 5 milliards d'euros, révélée en 2008 et dont Jérôme Kerviel a, au moins au pénal, été jugé seul coupable.
"Les enquêtes ont été objectivement conduites"
Dans l'enregistrement réalisé à son insu, en mars 2015, par une commandante de la Brigade financière devenue témoin à charge contre la banque, Chantal de Leiris déclarait à la policière qu'elle avait été "entièrement manipulée par la Société générale". Elle affirme l'inverse dans Le Monde de jeudi : "Les plaintes ont été classées parce qu'il n'y avait pas matière à poursuivre (...). Les deux enquêtes menées ont été objectivement conduites avec rigueur et toutes les auditions qui devaient l'être ont été faites."
En réaction à cet enregistrement et à sa publication dans la presse, la magistrate se dit prête à contre-attaquer : "Je considère avoir été victime d’une manipulation pour avoir été enregistrée à mon insu, de manière préméditée et déloyale. Je me réserve le droit d’exercer toutes les voies d’action pour réparer cette atteinte."
Décision de la cour d'appel le 29 janvier
Jérôme Kerviel a été condamné à cinq années d'emprisonnement doit trois ferme. Persuadé que son employeur était parfaitement au courant de ses manœuvres, il tente d'obtenir un nouveau procès et a déposé d'autres plaintes, avec constitution de partie civile, ce qui oblige un juge d'instruction à s'en saisir.
L'affaire reste par ailleurs ouverte pour le volet civil, cassé par la Cour de cassation en 2014. Elle avait annulé les dommages-intérêts (4,9 milliards d'euros) auxquels avait été condamné l'ex-trader, au motif que la Société générale avait failli dans ses mécanismes de contrôle et ne pouvait donc prétendre à un dédommagement couvrant intégralement ses pertes.
La cour d'appel de Versailles, qui doit juger ce volet civil, décidera le 29 janvier si le procès s'ouvre ou s'il est reporté, le temps d'y voir plus clair sur la demande de révision engagée par Jérôme Kerviel.
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