L'affaire Hicheur, "emblématique des dérives de la lutte antiterroriste"
"On l'a présenté dès le départ comme le coupable idéal" , s'insurge Me Patrick Baudouin, l'avocat d'Adlène Hicheur. Pour lui, son client est la victime du "rouleau compresseur de la justice antiterroriste" . Le président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme dénonce lui une "justice d'exception, qui ignore largement les droits de la défense et piétine un certain nombre de nos principes" . Les soutiens du physicien tentent aujourd'hui d'attirer l'attention sur son cas, plus de deux ans après son incarcération.
"Une instruction totalement à charge"
D'autant que pour eux, le dossier est quasiment vide. L'accusation s'appuie sur des mails échangés entre Adlène Hicheur et un chef d'Al-Qaeda. L'avocat parle lui d'une "instruction totalement à charge", et d'un "marketing sécuritaire" , consistant à "partir d'une vérité pré-établie qu'il faut conforter à tout prix" . Il évoque notamment des manipulations, des traductions arabe-français "à charge" , ainsi que des tentatives de subornation de témoin. "Que reste-t-il ? Des échanges de mails. Mais tout est resté au stade de l'échange. Il refuse tout, il n'accepte rien. Il n'y a jamais de la part de Hicheur de début d'intention de mise en oeuvre d'un projet précis et terroriste."
Le 8 octobre 2009, Adlène Hicheur est interpellé à Vienne (Isère) et mis en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Il est placé en détention provisoire quatre jours plus tard et y est toujours aujourd'hui : ses quinze demandes de remise en liberté ont toutes été refusées. "C'est Guantanamo !" s'insurge aujourd'hui Me Baudouin. "La justice a du mal à reconnaître ses erreurs."
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