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L'appel contre la relaxe de Villepin au procès Clearstream n'est pas la marque d'un "acharnement sarkozyste"

"Je n'ai aucune agressivité dans l'exercice de mon métier", a expliqué le procureur de la République, M.Marin, dans un entretien au Monde daté de dimanche.Dans la même édition, l'ex-Garde des Sceaux M.Badinter (PS) avait, lui, salué le jugement relaxant M. de Villepin comme "une victoire de la justice" témoignant de "l'indépendance" des magistrats.
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Le procureur de la République de Paris, le 14 novembre lors d'une conférence de presse (AFP PHOTO STEPHANE DE SAKUTIN)

"Je n'ai aucune agressivité dans l'exercice de mon métier", a expliqué le procureur de la République, M.Marin, dans un entretien au Monde daté de dimanche.

Dans la même édition, l'ex-Garde des Sceaux M.Badinter (PS) avait, lui, salué le jugement relaxant M. de Villepin comme "une victoire de la justice" témoignant de "l'indépendance" des magistrats.

L'ancien Premier ministre avait estimé vendredi sur Canal+ que "le procureur n'a pas l'autorité pour décider et prendre une telle décision. Il y a eu une réunion jeudi à l'Elysée où cette décision a été prise".

Pour Jean-Claude Marin, "tous ces gens-là ne me connaissent pas, ne savent pas les combats que j'ai menés pour cette justice financière". Et le procureur de la République de Paris d'assurer qu'il ne doit "(sa) carrière à aucun homme politique (...) à aucun réseau". M.Marin reconnaît avoir eu "deux épisodes violents avec (Nicolas Sarkozy) lorsqu'il était ministre de l'Intérieur", au sujet de l'affaire Clearstream. "Depuis, je n'ai pas de relation directe avec lui", a-t-il poursuivi. Selon lui, l'appel qu'il a interjeté contre la relaxe de M.de Villepin n'a été dicté que par des raisons juridiques.

Et de conclure: "Je n'ai pas changé d'opinion, le dossier apporte la preuve irréfutable qu'à la mi-juillet 2004, M. de Villepin savait que les listings étaient faux" et aurait ainsi dû alerter la justice, destinataire d'envois anonymes jusqu'au mois d'octobre 2004.

"Une victoire de la justice" pour Badinter
Pour le socialiste, Robert Badinter, dans Le Monde daté de dimanche, le jugement dans l'affaire Clearstream, plus qu'une "victoire de M.de Villepin" ou une "défaite de Nicolas Sarkozy", la "décision" rendue jeudi est "une victoire de la justice parce qu'elle témoigne de l'indépendance des juges qui l'ont rendue". L'ancien ministre de la Justice, de 1981 à 1986, qui a fait abolir en France la peine de mort, estime aussi que le jugement repose "sur un principe fondamental du procès pénal, trop oublié parfois: c'est à l'accusation de rapporter la preuve de la culpabilité du prévenu".

Le sénateur PS des Hauts-de-Seine estime également que l'appel du procureur de Paris Jean-Claude Marin "s'inscrit dans la pratique commune dès l'instant où les condamnés ont interjeté appel", pour que "le débat (soit) complet" devant la cour d'appel.

"Mais dans le cas de M. de Villepin, il est évident que la décision de faire appel n'a pas été prise sans l'accord - sinon à l'initiative - de la Chancellerie et de l'Elysée", a encore dit l'ancien président du Conseil constitutionnel (1986-1995).

Selon Robert Badinter, Nicolas Sarkozy aurait dû se désister de sa constitution de partie civile dans cette affaire, "dès le moment où il a été élu" président de la République. Car ce dernier "est garant de l'indépendance de la justice" et "doit, plus que tout autre, veiller à ce que sa crédibilité ne soit altérée d'aucune façon aux yeux des Français, toujours soupçonneux à cet égard", poursuit-il.

Enfin, il se demande encore "comment imaginer", en cas de suppression des juges d'instruction, "que le procureur enquêtera 'à charge et à décharge' dans une affaire d'Etat comme Clearstream, alors qu'il est sous la dépendance de l'exécutif dont il dépend pour sa carrière".

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