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La garde à vue du maire de Corbeil-Essonnes a été levée

Le maire UMP de Corbeil-Essonnes a quitté la direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) mercredi soir. Jean-Pierre Bechter, le bras droit de l'industriel Serge Dassault, avait été placé en garde à vue un peu plus tôt, dans le cadre d'une enquête sur des soupçons d'achats de voix et de tentatives d'homicide. La justice a par ailleurs demandé la levée de l'immunité parlementaire de Serge Dassault.
Article rédigé par Typhaine Morin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

La garde à vue de Jean-Pierre Bechter, actuel maire de Corbeil-Essonnes (UMP), a été levée "tard" mercredi soir. Ce proche de Serge Dassault et le directeur du service Jeunesse et sports de la mairie ont été entendus dans le cadre d'une affaire de tentatives d'homicide volontaire. Les autorités judiciaires ont également demandé la levée de l'immunité parlementaire de Serge Dassault. Cette demande sera examinée le 3 juillet par le Sénat.

Les policiers enquêtent sur deux tentatives de meurtre commises à Corbeil-Essonnes en janvier et février dernier.
La première a été perpétrée par un homme identifié par les enquêteurs, mais toujours en fuite. Il s'agirait d'un chef d'entreprise au passé de voyou, une "figure locale" qui fut proche de Serge Dassault. La victime, un homme également, s'était exprimé dans une interview parue dans la presse après la seconde tentative de meurtre.
Le 19 février, un boxeur amateur de 32 ans a été grièvement blessé en plein centre de Corbeil, après avoir reçu trois balles de calibre 38. 

On est en train de s'entretuer (victime de la première tentative de meurtre)

Dans les colonnes du Parisien , la première victime avait alors confié sa certitude que les deux agressions étaient liées. "Corbeil est devenu un système mafieux" , avait déclaré l'homme.  "L'argent de Dassault a tout pourri  [...] Bechter avait fait des promesses, il ne les a pas tenues. Aujourd'hui, on est en train de s'entretuer." 

** Achats de voix

Depuis des années, l'opposition municipale dénonce des achats de voix. En 2008, le Conseil d'Etat avait invalidé l'élection de Serge Dassault au motif que l'industriel aveit effectué des dons d'argent pour se faire élire, ce que ce dernier a toujours nié.
Déclaré inéligible pour un an, c'est Jean-Pierre Bechter qui avait repris la tête de liste en octobre 2009. Mais le Conseil d'Etat avait à nouveau annulé l'élection, car le nom de Serge Dassault apparaissait sur les bulletins de vote. 

Aujourd'hui, si la justice n'a pas établi de liens entre les tentatives de meurtre et les achats de votes présumés, elle enquête sur les deux volets de cette affaire. Une information judiciaire a par ailleurs été ouverte à Paris en mars dernier sur des soupçons d'achat de votes, corruption, blanchiment et abus de biens sociaux lors des campagnes municipales de 2008 et 2010. 

"Climat délétère"

Mardi, deux perquisitions ont été menées à la mairie de Corbeil-Essonnes. La résidence de Serge Dassault à Corbeil ainsi que l'hôtel particulier du Rond-Point des Champs-Elysées, qui abrite notamment la holding Dassault, ont également été perquisitionnés. 

Mercredi, le député socialiste de l'Essonne et ancien conseiller municipal de la commune Carlos Da Silva, a dénoncé dans un communiqué "les affaires politico-judiciaires qui gangrènent la vie publique de notre commune depuis de trop nombreuses années, empoisonnant le quotidien [...] en faisant régner un climat délétère". 

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