Le meurtrier d'un policier libéré avant son procès en appel
Les faits remontent au 21 février 2009 à La Courneuve, au nord de Paris. Aurélien Dancelme, un gardien de la paix de 33 ans qui n'était pas en service, intervient lors d'une rixe. Il est tué d'un balle dans la tête en pleine rue. Considéré comme l'auteur du tir mortel, Rajeswaran Paskaran est condamné fin octobre 2011 à 20 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Seine-Saint-Denis. Quelques jours plus tard, il fait appel.
Depuis, ce trentenaire attend son deuxième procès. Incarcéré depuis le 24 février 2009, il a finalement été "libéré mercredi" , a annoncé son avocat Me Thierry Benkimoun. "C'est l'application rigoureuse des principes qui gouvernent la procédure pénale , explique-t-il. Tout justiciable a droit à ce que son procès soit examiné dans un délai raisonnable".
A l'audience, le parquet général de Paris avait pourtant requis son maintien en détention. "Mon client n'a jamais contesté les faits mais leurs circonstances. Cet homme sera évidemment condamné" , estime Me Benkimoun. Rajeswaran Paskaran a été placé sous contrôle judiciaire et a l'obligation de se présenter au commissariat chaque semaine.
La justice "marche sur la tête"
Sa libération a provoqué un tollé au sein de la police. "Nous sommes stupéfaits et scandalisés" , déclare le secrétaire général adjoint de l'unité SGP-Police, Nicolas Comte, sur France Info, avant d'ajouter : "Il faut faire le nécessaire pour raccourcir les délais."
La justice "marche sur la tête" , a regretté pour sa part Alliance, premier syndicat de gardiens de la paix. Même étonnement du côté de l'Union syndicale des magistrats (USM). "C'est difficilement compréhensible, reconnaît sa présidente Virginie Duval, à la fois pour la famille de cet homme qui attend d'être jugé, mais aussi pour tous les proches du policier." Mais selon elle, cette libération est forcément "quelque chose de réfléchi. Ce n'est certainement pas une décision prise à la légère." En cause ? "L'engorgement des tribunaux" , estime Virginie Duval.
Alertée dès mercredi soir, la garde des Sceaux Christiane Taubira a demandé en urgence "un rapport circonstancié sur les raisons expliquant l'absence d'audiencement" dans cette affaire.
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