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Les parents de Lee Zeitouni attendent une sanction "exemplaire" contre les chauffards

Le procès des deux chauffards qui ont tué Lee Zeitouni le 16 septembre 2011 à Tel Aviv a lieu ce jeudi après-midi à Paris. Deux Franco-Israéliens qui avaient pris la fuite après les faits sont jugés. l'affaire avait provoqué un profond émoi en Israël. Delphine Gotchaux a rencontré les parents de la jeune femme.
Article rédigé par Delphine Gotchaux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Le procès des chauffards qui ont tué Lee Zeitouni se tiendra au tribunal correctionnel de Paris © Maxppp)

Itsik et Kate Zeitouni sont arrivés mardi en France, avec leurs trois enfants. Ils se tiennent par la main, assis sur le canapé de leur avocat, et évoquent leur fille. Lee était professeur de pilate et de yoga à Tel Aviv, elle avait un amoureux, Roy, d'immenses yeux bleu vert magnifiques et un visage d'ange. Le 16 septembre 2011, Lee Zeitouni part travailler, il est 6h45 du matin, sa route croise le 4x4 conduit par Eric Robic, qui roule beaucoup trop vite. Ce n'était pas un accident, dit d'une voix très douce, très calme Kate Zeitouni : "C'était ma plus jeune fille. Elle était pleine de vie, elle avait plein de rêves et commençait juste à les réaliser. Et elle a été tuée en allant au travail, innocente. En traversant un passage piéton, c'était vert pour elle. Ils ont simplement ignoré le feu rouge. Et ils l'ont percuté avec une telle force qu'elle a été projetée de l'autre côté de la rue, comme si elle n'était qu'une feuille de papier ".

"Ils écrasent la petite comme un chien et ensuite ils fuient le pays "

Un feu grillé, une voiture qui file entre 80 et 100 km heure sur une route limitée à 50, et un conducteur qui a trop bu. Eric Robic et son ami Claude Khayat ont dîné au restaurant, puis sont allés en boîte de nuit, ont beaucoup consommé d'alcool. Quand ils percutent Lee Zeitouni, le choc est d'une violence extrême, mais les deux hommes ne s'arrêtent pas. C'est là tout leur cynisme, dit William Goldanel, l'avocat des parents de Lee Zeitouni : "Ils écrasent la petite comme un chien. Et ensuite ils fuient le pays, il y en a un qui se rase la tête à la manière du grand truand qu'il est. Ensuite ils essayent d'avoir un arrangement financier pour savoir qui porterait le chapeau. On est dans le l'indifférence, le cynisme et la lâcheté la plus totale ".

"Nous attendons le jour où nous pourront enfin nous retirer et calmement, faire notre deuil " (Le père de Lee Zeitouni)

Les parents de la victime n'attendent rien d'Eric Robic et Claude Khayat, disent qu'ils ne croiront pas à leur pardon, qu'ils ne peuvent pas pardonner. Mais ils veulent que la justice passe pour pouvoir enfin, dit Istzik Zeitouni trouver un peu de sérénité : "Nous allons enfin arriver à ce jour, qu'on veut dépasser déjà. Un jour qui est très important pour pouvoir enfin terminer un côté de l'histoire de Lee, après lequel nous pourront calmement nous retirer et, sans média, faire notre deuil ". Faire leur deuil en Israël, le pays où ils vivent, où est enterrée leur fille

Casiers bien remplis et contrôle judiciaire violé

Les deux hommes ne vont pas comparaitre libres, car ils sont en détention provisoire depuis la mi-octobre dans une affaire d'escroquerie en bande organisée, une affaire de vente de voitures en leasing. Ils ont donc violé leur contrôle judiciaire, qui leur interdisait de se parler ou de se voir. Eric Robic et Claude Khayat ont un certain pedigree judiciaire, plusieurs condamnations à leurs casiers, port d'arme, escroquerie, conduite sans permis. C'est Eric Robic qui risque le plus, jusqu'à 10 ans de prison pour homicide involontaire aggravé, Claude Khayat, lui, encourt cinq ans d'emprisonnement pour non-assistance à personne en danger. Son avocat, Régis Méliodon, assure que son client vit très mal depuis l'accident, qu'il va présenter ses excuses à la famille Zeitouni : "Il aurait dû rester. Il a eu peur. Donc il est reparti vers ses proches en France. Il a été lâche. Il emploie même un terme : je crois que j'ai été un salaud. Donc il attend vraiment ce procès pour exprimer ses peurs et autant que faire ce peut d'essayer de se faire pardonner ".

"S'ils s'étaient arrêtés, s'ils avaient essayé de secourir Lee, peut être aurions-nous pu pardonner ". Mais là, murmurent les parents de Lee Zeitouni "même si nous ne sommes pas dans un esprit de revanche, il faut une sanction exemplaire ".

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