"Il n'y a pas une nuit sans que j'y pense" : au procès des attentats de janvier 2015, Claude Hermant exprime ses regrets
La journée de jeudi est consacrée aux témoignages des membres d'un réseau de trafiquants dont certaines armes se sont retrouvées entre les mains d'Amedy Coulibaly, le tueur de Montrouge et de l'Hyper Cacher.
Ce qu'il faut savoir
C'est un peu l'affaire dans l'affaire. L'enquête sur les attentats de janvier 2015 a révélé que huit armes retrouvées en possession d'Amedy Coulibaly à l'Hyper Cacher, ainsi que dans "l'appartement conspiratif" que le terroriste avait loué à Gentilly, provenaient d'un réseau de trafiquants d'armes lillois. Et non des moindres, puisqu'au cœur de ce réseau, se trouve Claude Hermant, à la fois figure de l'extrême droite et ancien indicateur des douanes et des gendarmes. Les protagonistes de ce volet ne sont pas jugés au procès qui s'est ouvert le 2 septembre, car ce dossier a fait l'objet d'une autre procédure. Ils ont été condamnés en 2019 et seront donc entendus en tant que témoins, devant la cour d'assises spéciale de Paris, jeudi 1er octobre.
Une peine alourdie en appel. En février 2019, Claude Hermant a été condamné à huit ans de prison, 30 000 euros d'amende et d'une interdiction de détenir ou porter une arme pendant cinq ans, pour trafic d'armes en bande organisée, à la suite d'une enquête qui a dénombré 470 armes importées illégalement, en provenance des pays de l'Est. Ces armes ont été vendues en 2014 par une société gérée par Aurore Joly, compagne de Claude Hermant.
Le double rôle de Claude Hermant. Selon les informations de Mediapart, le militant identitaire émargeait à la section de recherche de la gendarmerie de Villeneuve-d'Ascq depuis 2013. Ce rôle d'indic a-t-il gêné les enquêteurs dans leurs investigations sur les attentats de janvier 2015 ? "Non", a affirmé à la barre une enquêtrice de la Sous-direction antiterroriste (Sdat). Leurs officiers traitants, dont l'ancien patron des RG lillois, seront également entendus jeudi.
Des "vieux briscards" attendus à l'audience. L'enquêtrice de la Sdat a désigné les personnes interrogées dans ce volet comme "des vieux briscards, des gros morceaux en matière de droit commun si la cour peut me permettre". Ils sont rompus face à la justice, a-t-elle souligné. "Ce sont des armes qui ont servi à tuer", a-t-elle tenu à rappeler. "Quel que soit le cheminement de ces armes, on s'expose à ce qu'elles soient utilisées, c'est ce qui s’est passé", a-t-elle ajouté.