Procès des attentats de janvier 2015 : la sœur d'Hayat Boumeddiene évoque un dernier contact avec elle en octobre 2019
L'audience de vendredi, comme celle de la veille, est consacrée à la personnalité des accusés, y compris les absents. Sur les 14 personnes jugées, 11 sont présentes et comparaissent dans les deux boxes de la salle d'audience principale.
Ce qu'il faut savoir
Les 7, 8 et 9 janvier 2015, les frères Kouachi et Amedy Coulibaly semaient la terreur à Paris et dans sa région. Cinq ans et demi plus tard, quatorze accusés sont jugés jusqu'au 10 novembre, dont trois par défaut. Tous sont soupçonnés, à des degrés divers, de soutien logistique aux trois terroristes, tués par les forces de l'ordre à l'issue de ces attentats. Vendredi 4 septembre, les débats étaient consacrés à l'examen des personnalités des accusés, y compris les absents.
En fin de journée, la cour d'assises s'est penchée sur la personnalité d'Hayat Boumedienne, compagne d'Amedy Coulibaly et en fuite. Ces proches déposent à la barre, dont sa sœur. Celle-ci a révélé avoir eu un dernier contact téléphonique avec elle en octobre 2019, tout en assurant ne pas savoir où elle se trouvait. Elle lui aurait dit avoir été dans un camp. Elle n'a pas averti les services de renseignements de cet appel et assure ne pas avoir été interrogée à ce sujet. Cette déclaration vient accréditer le témoignage d'une Française rentrée de Syrie, qui a affirmé avoir vu Hayat Boumedienne en octobre 2019 dans l'immense camp de réfugiés syrien d'Al-Hol.
"Je ne suis pas dans le combat religieux". Dans la matinée, le ton est monté entre les parties civiles et la défense, après la question d'un avocat des parties civiles sur les actes terroristes menés au nom de l'islam dans le monde. "Est-ce que la haine du juif et de l'Occident est inscrite dans votre combat religieux ?" a-t-il demandé. "Je ne suis pas dans le combat religieux", a répondu Ali Riza Polat, soupçonné d'être la cheville ouvrière du dossier, qui rejette cette question. "Quand on arrivera sur le fond, on discutera du fond c'est tout", a-t-il martelé.
"Ça doit leur faire très mal". Abdelaziz Abbad, soupçonné d'avoir fourni des armes aux frères Kouachi, était le premier des accusés à s'exprimer jeudi matin. Il a affirmé qu'il était "innocent" et a exprimé de la compassion envers les victimes. "Elles ont perdu un collègue, un ami, ça doit leur faire très mal, a-t-il déclaré. Pour moi, la religion ça n'a jamais été d'assassiner des gens." Son interrogatoire a été haché par une suspension d'audience et plusieurs interruptions techniques.
Une audience filmée. Ce procès d'ampleur, le deuxième pour un attentat jihadiste commis en France, après celui de 2017 pour les tueries perpétrées par Mohamed Merah, sera intégralement filmé en raison de son "intérêt pour la constitution d'archives historiques", selon la justice. Ces images seront conservées pendant 50 ans avant de pouvoir être exploitées librement, mais les historiens et scientifiques pourront les consulter, sur demande motivée, dès la fin de l’instance.