Procès Forsane Alizza : Mohamed Achamlane nie toute inspiration terroriste
Le procès des membres du groupe Forsane Alizza s'est ouvert lundi après-midi à la 16e du tribunal correctionnel de Paris. Ils avaient été interpellés en mars 2012, dans la foulée des attentats de Merah. Ils risquent dix ans de prison pour association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes.
Onze hommes, une femme
Quatorze prévenus étaient convoqués devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris, seuls douze se sont présentés à l’audience qui s’est ouverte un peu après 14 heures. Six hommes portant la barbe remplissent, de manière assez exceptionnelle, les deux boxes aux plafonds grillagés qui se font face. Entre les deux boxes, une quinzaine d’avocats et d’avocates. Et au tout premier rang, six autres prévenus, cinq hommes et une femme coiffée d’un voile gris, qui
comparaissent libres, sous contrôle judiciaire.
"Provocateur, mais pas d'inspiration terroriste"
Mohamed Achamlane est assis au centre du box de gauche, cheveux mi-longs, ondulés, poivre et sel, barbe brune, fournie et courte. Mohamed Achamlane, alias Abou Hamza reconnaît sans difficulté et avec une certaine fierté qu’il est le fondateur de Forsane Alizza, les Cavaliers de la fierté, un groupe dont il était l’émir, et qu’il a créé en 2010, pour lutter, dit-il, contre "des actes islamophobes, qui l’ont fait réagir" .
Il donne l’exemple d’une femme musulmane qui a perdu son bébé après une agression. "Quand on touche à des musulmanes, mon cœur parle", explique Mohamed Achamlane, "on ne va pas laisser nos femmes et nos enfants se faire égorger ", clame-t-il, entre deux gendarmes, assurant que son groupe était certes, "provocateur, mais n’avait pas d’inspiration terroriste ". Ce que martèle aussi son avocat, même si Achamlane, c’est vrai "qu’il n’était pas pour l’islam bisounours ", rappelle maître Béranger Tourné.
Lors de ce premier jour d’audience, la présidente et ses assesseurs ont uniquement interrogé le leader de Forsane Alizza, le leader du groupe, qui a d’ailleurs commencé par déclarer qu’il "ne souhaitait pas embarquer avec lui tous les gens qui sont impliqués et qui n’ont rien à faire dans ce tribunal ".
La présidente lui demande s’il défend un islam radical. "Il n’y a pas d’islam radical, il y a un islam authentique, c’est celui qu’on prône, un islam décomplexé ", répond Achamlane, qui n’est pas contre la polygamie, et précise que sa première épouse ne porte pas le niqab.
Des kalachnikovs pour faire peur
La présidente l’interroge ensuite sur les nombreuses armes qui ont été retrouvées chez lui lors des perquisitions, après leur arrestation très médiatisée, quelques jours après les attentats perpétrés par Mohamed Merah.
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"Un pistolet a été retrouvé dans votre blouson de moto, pourquoi ? "
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"Absolument, depuis que je suis tout petit, je suis amateur d’armes ", répond Achamlane, qui ajoute qu’il se sentait menacé, et "pas protégé par la police ". "
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"Et les kalachnikovs ?", demande encore la présidente.
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"Elles étaient démilitarisées. C’était pour faire des photos devant un mur de kalachnikovs, c’était pour faire peur, pour rééquilibrer la balance, face aux menaces de gens d’extrême droite ", dit Achamlane d’un ton autoritaire.
Lors de ce premier jour de procès, Achamlane a beaucoup pris le dessus sur la présidente du tribunal, n’hésitant pas à la couper, ou à la reprendre. "Si vous ne vous mettez pas à ma place, si vous ne comprenez pas ce que je dis, on va tourner en rond pendant quinze jours ", s’agace-t-il d’une voix ferme.
Le procès doit durer deux semaines. L’audience reprendra ce mardi à 13H30.
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