Six ans de prison requis contre un Marocain qui prônait le djihad sur Internet
Jugé lundi jugé devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir prôné le djihad sur internet et avoir voulu monter une opération violente visant des cibles institutionnelles ou occidentales au Maroc, Fahd Jobrani encourrait dix ans de prison. Le parquet, mardi, en a requis six.
La veille, Fahd Jobrani, visage et corps carrés, cheveux noués en catogan, veste polaire relevée jusqu'au niveau de sa barbe poivre et sel, reconnaît à la barre qu'il a passé des jours et des nuits sur des forums internet pro-djihadistes. "Y avait une ambiance sur ces forums" , dit-il. Il avait choisi pour pseudonyme Alrayat, "drapeaux", en arabe. Durant l'enquête, lors de ses interrogatoires, Fahd Jobrani avait soutenu que c'était une référence au drapeau du Maroc, et non au drapeau utilisé comme étendard par des groupes djihadistes, même s'il apparaissait, devant de tels drapeaux, sur sa page Facebook.
Cela fait dix ans que ce Marocain de 36 ans, aîné d'une famille de huit enfants, petit-fils de moudjahidin, est arrivé en France, dans un camion dans lequel il s'était caché, sans papiers. Il s'était alors fait passer pour un Palestinien, avait purgé une peine de prison ; il y était resté quatre mois. En 2006, il a épousé une Française, de douze ans son aînée, "non Musulmane", précise-t-il.
"Le 11 septembre, c'est des conneries"
Le président de la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris, commence à l'interroger sur ses nombreuses diatribes pro-djihadistes, parfois proférées sur YouTube, un turban sur la tête. "En 2011, quand vous dites, je me prépare pour Al Qaeda au Maroc, que vous rassemblez des frères, pour une Katiba de 100 personnes, ça veut dire quoi ?" demande le président du tribunal. "C'était un délire, je m'emmerdais, j'étais juste en train de parler sur internet, y avait pas de concrétisation" , assure Fahd Jobrani. "Et quand en 2012, vous dites que le plus grand pays ennemi qu'il faudra frapper très fort, c'est la France ? ", renchérit le président Denis Couhé. "C'étaient des paroles en l'air, de l'ironie" , répond le prévenu, qui se dit victime de racisme, et qui estime que le djihad, "c'est une résistance, comme la France a fait face à l'Allemagne" , dit-il.
Le président du tribunal correctionnel l'interroge ensuite sur les actes d'Oussama Ben Laden - dont Jobrani avait collectionné des vidéos-, ou de Mohamed Merah. "Qu'en pensez-vous ?" . Petit silence du prévenu qui se voit comme un "modéré" et répond que "le 11 septembre, c'est des conneries ". Puis il dit, "on ne peut pas condamner des Musulmans" .
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