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Trois questions sur les derniÚres révélations dans l'affaire des soupçons de détournements de fonds au Sénat

Le site Mediapart a publiĂ© le tĂ©moignage de celui qui se prĂ©sente comme "le grand prĂȘtre de ces opĂ©rations".

Article rédigé par franceinfo
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Les sénateurs siÚgent au Palais du Luxembourg, à Paris, le 17 novembre 2016. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

"Jusqu'en 2014, Michel Talgorn a distribuĂ© des chĂšques en pagaille", dĂ©crit Mediapart. Vendredi 22 septembre, le site d'information a publiĂ© le tĂ©moignage de cet ancien collaborateur du groupe UMP, mis en examen dans l'affaire des soupçons de dĂ©tournements de fonds au SĂ©nat. "J’exĂ©cutais des ordres, j’étais un pousse-cailloux", se dĂ©fend-il.

"Quand mon nom a Ă©tĂ© publiĂ© dans la presse, j’ai constatĂ© beaucoup d’indiffĂ©rence et parfois de la lĂąchetĂ© chez les sĂ©nateurs ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© de restitutions de crĂ©dits d’assistants", raconte-t-il Ă  Mediapart. Il a donc dĂ©cidĂ© de raconter sa version des faits. De quelle affaire s'agit-il ? Que rĂ©vĂšle-t-il ? Franceinfo rĂ©pond Ă  trois questions.

De quoi les sénateurs sont-ils accusés ?

L'affaire a commencé en 2013 aprÚs un signalement de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministÚre de l'Economie et des Finances. Le parquet de Paris avait alors ouvert une information judiciaire, depuis suspendue, pour des faits de "détournements de fonds publics", "abus de confiance" et "blanchiment", rappellent Les Echos.

Plusieurs actuels ou anciens sénateurs ont été mis en examen, dont Jean-Claude Carle, ex-trésorier du groupe UMP au Sénat, et Henri de Raincourt, ex-président du groupe. Les élus de l'ex-UMP auraient profité de "ristournes", qui leur permettaient de reverser au groupe les fonds non utilisés pour l'embauche d'assistants parlementaires puis d'en récupérer une partie.

Que dit Michel Talgorn ?

Il se dĂ©finit lui-mĂȘme comme "grand prĂȘtre de ces opĂ©rations-lĂ ". Michel Talgorn Ă©tait collaborateur du groupe UMP. "J'ai gĂ©rĂ© cette restitution pour les sĂ©nateurs UMP", raconte-t-il Ă  Mediapart. Il Ă©tait donc chargĂ© de rĂ©diger puis remettre les chĂšques aux sĂ©nateurs, "Ă  la signature du trĂ©sorier ou du prĂ©sident du groupe". "AprĂšs, ils en faisaient ce qu’ils voulaient." 

Sur le site d'information, il parle d'"une quarantaine de sĂ©nateurs" bĂ©nĂ©ficiaires en moyenne. Michel Talgorn Ă©voque des chĂšques de plusieurs milliers d'euros remis chaque trimestre. L'ancien collaborateur Ă©voque Ă©galement l'ancien candidat Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle : François Fillon. Quand "il est redevenu sĂ©nateur de la Sarthe", ce dernier "a trĂšs vite appris qu’il y avait cette possibilitĂ© de dĂ©lĂ©guer des crĂ©dits d’assistants au groupe et d’en rĂ©cupĂ©rer une partie".

François Fillon est rentrĂ© tout naturellement dans le systĂšme, au mĂȘme titre que les autres.

Michel Talgorn

Ă  Mediapart

Comment se défendent les élus concernés ?

Dans leur requĂȘte dĂ©posĂ©e le 21 avril pour faire annuler leur mise en examen, certains sĂ©nateurs concernĂ©s soutiennent que les groupes parlementaires "disposent librement des fonds publics qu'ils reçoivent", selon une source proche du dossier citĂ©e par l'AFP. "Au regard de la sĂ©paration des pouvoirs, le juge judiciaire ne peut s'immiscer dans la gestion des groupes parlementaires qui s'administrent librement", a aussi dĂ©clarĂ© Antoine Beauquier, l'avocat de cinq Ă©lus. Ils font valoir Ă©galement que le dĂ©tournement de fonds public est applicable aux personnes "chargĂ©es d'une mission de service public", mais pas aux parlementaires, qui eux sont investis d'un "mandat Ă©lectif".

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