Tuerie de Chevaline : le motard n'est pas impliqué
C’était l’une des pistes les plus concrètes des enquêteurs de la section de recherches de Chambéry dans l’affaire dite de Chevaline. Le mystérieux motard croisé par deux garde-forestiers, le 5 septembre 2012, à proximité des lieux et à l’heure du quintuple meurtre de Chevaline a été formellement identifié et entendu. Selon les premières conclusions des deux juges d’Annecy, Michel Mollin et Christine de Curraize, en charge de l’affaire, cet homme originaire de Lyon n’a aucun lien avec le quadruple meurtre. Il était là par hasard.
Le motard a été auditionné le mois dernier par les enquêteurs de Chambéry. Les gendarmes l’ont finalement identifié grâce à son téléphone portable qui a "borné" dans la zone du crime, mais aussi par l’exploitation d’images vidéo collectées peu après le drame. Aux enquêteurs, il a expliqué qu’il est venu du côté de Chevaline, début septembre 2012, pour pratiquer sa passion : le parapente. La zone est effectivement connue pour ses "spots" de vol libre, entre le col de la Forclaz, la montagne du Charbon et la commune de Doussard.
Portrait-robot
Le 5 septembre 2012, à l’heure approximative du quadruple meurtre (entre 15h15 et 15h40), il circule à moto sur la route de la Combe d’Ire, un sentier interdit aux véhicules. Il croise deux garde-forestiers qui lui demandent de respecter l'interdiction et de rebrousser chemin. Le motard obtempère et redescend le sentier, passant devant le parking où une partie de famille Al-Hilli et un cycliste ont perdu la vie. Selon des sources proches de l’enquête, cet homme n’a pas donné d’éléments permettant d’identifier de nouveaux témoins ou les suspects de la tuerie. "Son profil personnel et professionnel l’exclut de la liste des suspects à 95 % explique un acteur du dossier, mais des vérifications doivent encore être menées ". Le motard explique ne pas avoir fait le rapprochement entre sa présence dans la zone, la tuerie et son portrait-robot diffusé début novembre 2013 dans toute la France.
Début novembre 2013, un an après la tuerie de Chevaline, les gendarmes de la section de recherches de Chambéry dévoilent le portrait-robot d’un motard portant un bouc et un casque d’un type très particulier fabriqué à 8.000 exemplaires. L’homme apparaît alors aux yeux des médias internationaux comme le suspect numéro 1 de l’enquête. En réalité, la présence de ce motard sur les lieux du crime était connue de longue date des gendarmes. Ils avaient délibérément choisi de ne pas diffuser son signalement pour se donner plus de chance de le confondre. Dans l'impasse, l'appel à témoins est alors lancé.
Un autre appel à témoins lancé
Le 18 février 2014, un ancien policier municipal, vivant en Haute-Savoie et âgé de 48 ans, est interpellé et placé en garde à vue par les gendarmes. Il est remis en liberté quelques jours plus tard. Son ADN ne correspond pas à ceux de la scène de crime. La piste du motard, qui restait une priorité des enquêteurs, semble aujourd’hui définitivement enterrée. Reste cet autre appel à témoin, lancé huit mois après le meurtre de la famille Al-Hilli et du cycliste, pour tenter d'identifier les occupants d'un 4X4 aperçu non loin des lieux du drame. A ce jour, les enquêteurs n’ont toujours pas identifié les occupants de ce véhicule.
Le 5 septembre 2012, Saad al-Hilli, 50 ans, un ingénieur britannique d'origine irakienne, sa femme de 47 ans, et sa belle-mère de 74 ans, étaient exécutés de plusieurs balles sur une petite route forestière proche de Chevaline. Un cycliste français est lui aussi tué par balles. L'une des fillettes du couple al-Hilli est grièvement blessée tandis que la seconde sort indemne de cette tuerie. Au Royaume-Uni, Zaïd al-Hilli, le frère de Saad al-Hilli soupçonné de "complot pour commettre un meurtre" est interpellé en juin 2013 par la police britannique. Il sera remis en liberté quelques temps plus tard faute de preuves solides. Le dossier de la tuerie de Chevaline fait plusieurs mètres cubes, la procédure comporte plus de 10.000 cotes reliées en une vingtaine de tomes. Des centaines de témoins ont été entendus, en vain pour l'instant.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.