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Un bébé contre de l'argent et une BMW : un trafic de nourrissons jugé à Marseille

Dix personnes soupçonnées d'avoir appartenu à un réseau de trafic de nourrissons, démantelé en 2013 dans le sud-est de la France, sont jugées mardi et mercredi, à Marseille.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les membres présumés d'un réseau de trafic de nouveau-nés sont jugés les 7 et 8 avril 2015 à Marseille (photo d'illustration). (AMELIE-BENOIST / BSIP / AFP)

Au moment de sa révélation, l'affaire avait fait scandale. Dix personnes, soupçonnées d'avoir participé à un trafic de nourrissons, comparaissent devant le tribunal correctionnel de Marseille (Bouches-du-Rhône), mardi 7 et mercredi 8 avril. Ilie Ionita, un Roumain de 35 ans, est suspecté d'avoir joué un "rôle prépondérant" dans ce réseau, en vendant les nouveau-nés de ses sœurs à des couples de gens du voyage.

Au début de l'été 2013, Ilie Ionita approche un couple originaire d'Avignon, lors d'un rassemblement pentecôtiste à Marignane. Sa méthode est rodée : il "démarche" des couples stériles, en leur proposant d'acheter des enfants, pour un prix allant de 5 000 à 10 000 euros. Cette fois, il s'agit du futur bébé de sa sœur Daniela.

"Comme ils avaient déjà cinq enfants, ils ont proposé de nous le donner", raconte le père adoptif, Mike Gorgan, au Monde (article abonnés). Avec sa femme, Carmen, l'homme réfléchit pendant deux jours. Le couple finit par accepter. "Le papa nous a alors dit qu'il fallait payer pour avoir le petit. Plutôt que de le retrouver dans une poubelle, la communauté nous a aidés, environ 50 euros par caravane."

Un bébé contre 8 000 euros et une BMW

Deux jours avant la naissance du bébé, le couple verse 3 500 euros à Ilie Ionita. Ils accompagnent la mère à l'hôpital Nord de Marseille, le 21 juillet 2013. Leur présence aux côtés de Daniela, qui semble "triste et en détresse", selon les témoignages, alerte le personnel. Lorsque cette dernière quitte la maternité deux jours après son admission, contre l'avis du médecin et sans son bébé, une dénonciation anonyme est déposée auprès de la police judiciaire.

Au même moment, Carmen et Mike Gorgan remettent 4 500 euros de plus, ainsi qu'une BMW, au père biologique, "une fois le petit récupéré". "On n'arrivait pas à réunir les 10 000 euros demandés, c'est pour cela qu'on a donné la voiture", explique Mike, qui déclare le nouveau-né, Ethan, comme son fils. Le couple ne parvient pas à expliquer ces sommes aux enquêteurs, à qui ils affirment ne pas avoir acheté l'enfant. Ethan est placé dans une famille d'accueil par le parquet, alors que le couple Gorgan est mis en examen, notamment pour entremise lucrative pour abandon et obtention frauduleuse de documents administratifs.

Pour Ilie Ionita, "ce n'est pas très grave"

L'enquête révèle en outre qu'un deuxième bébé a été vendu en Corse, en mai 2013, par une autre sœur d'Ilie Ionita. Deux autres tentatives de vente, qui n'ont pas abouti, sont mises au jour par les enquêteurs. A chaque fois, des couples de gens du voyage sont approchés, puis chargés d'accueillir la mère biologique de l'enfant, acheminée de Roumanie, jusqu'à son accouchement, précise 20 Minutes. Le bébé est ensuite déclaré sous leur nom, contre la somme de 10 000 euros, alors que la mère est renvoyée dans son pays.

Ilie Ionita et Valeriu Rosu, le père biologique d'Ethan, sont jugés pour traite d'êtres humains et risquent jusqu'à dix ans de prison. Mais les deux détenus "ne comprennent pas pourquoi ils sont poursuivis, pour eux, ce n'est pas très grave", rapporte leur avocat Daniel Roscio. Carmen et Mike Gorgan, eux, affirmaient en février à France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur qu'ils voulaient simplement aider la famille biologique d'Ethan, en lui versant de l'argent. "Un enfant, ça n'a pas de prix", clame le père adoptif, qui veut récupérer la garde du petit garçon. Au juge de décider, durant l'audience des 7 et 8 avril, ce qu'il adviendra d'Ethan.

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