Un lycéen affirme avoir été passé à tabac par la BAC, la police des polices saisie
C'est une information révélée par France Info . Le 6 octobre dernier, vers 00h45, alors qu'il rentre avec son grand frère
d'un match de foot en salle dans son quartier de la Cité Verte, Chaïn M. est
surpris par une voiture de la BAC départementale qui s'arrête brusquement à sa
hauteur. L'adolescent commence alors à courir, "un réflexe car j'ai eu
peur" , explique-t-il. Un policier le rattrape et le plaque au sol. C'est
là que le jeune aurait reçu, une première fois, des coups de pieds et de
poings. Une version confirmée par les habitants de quatre appartements situés
dans l'immeuble voisin -certains de ces
témoins ont d'ailleurs été entendus par l'IGS.
"Ils me frappaient toujours
plus fort"
Ensuite, selon ses dires, Chaïn,
lycéen en 1ère ES, inconnu des services de police, aurait été emmené dans un
bois et passé à tabac. "Ils m'insultaient. Ils me donnaient des coups dans le
nez" , raconte le jeune homme. "Ils m'ont ensuite emmené dans les bois.
Le passager à ma droite m'a dit : 'on va s'amuser un peu avec toi'. A ce
moment là, je pensais que c'était fini pour moi. J'étais fatigué de prendre des
coups. Ils m'ont pris les parties génitales et ils me les ont serrées avec
leurs mains. A chaque fois que j'ouvrais la bouche pour crier 'aïe', ils me
frappaient encore plus fort. Je me sentais seul" .
Chaïn raconte que l'équipage de la
BAC l'a ensuite emmené au commissariat de Boissy-Saint-Léger vers 1 h 30 du
matin, soit trois quarts d'heure après son interpellation. Ce que confirme une
source policière à France Info.
"Je retrouve mon fils plein de
sang"
Au commissariat, Chaïn est menotté à
un banc. Il a le visage ensanglanté, les policiers sont contraints d'appeler
les pompiers. Nous avons consulté leur rapport d'intervention où il est mentionné
que le jeune homme saignait du nez. Selon Chaïn, les policiers de la BAC
l'auraient alors forcé, devant les pompiers, à dire qu'il était tombé tout seul
dans l'escalier. N'ayant rien à lui reprocher, le jeune homme est laissé libre.
Sa mère, Faïza, est appelée pour venir le récupérer. "Je retrouve mon fils
plein de sang jusqu'à la cheville, raconte-t-elle, il avait pleins de coups dans
le visage, le nez fracturé. Il n'est pas tombé, il a reçu des coups ! On
s'est acharné sur lui !"
Multiples hématomes
En pleine nuit, Faïza se rend aux
urgences avec son fils. Le médecin qui examine le jeune homme écrit dans son
certificat que "le patient présente un trauma crânio nasal avec
épistaxis" (c'est-à-dire hémorragie, saignements), un "traumatisme et
une plaie au coude droit" , de "multiples hématomes au niveau du
visage" , des "érosions scrotales" et un "traumatisme du
rachis dorsal" . Bilan selon le médecin : 5 jours d'incapacité totale
de travail pour le patient.
Chaïn et sa mère ont saisi la
justice car ils estiment que ces comportements policiers sont intolérables. Ils
comptent aussi écrire au ministre de l'Intérieur. Leur avocat, Jérôme Karsenti,
a l'intention de déposer une seconde plainte, pour "enlèvement,
séquestration, actes de torture et de barbarie" .
Si plusieurs témoins ont été entendus par l'IGS au sujet de
l'interpellation "musclée", personne ne peut confirmer à ce stade la
suite du récit du jeune homme. "C'est une histoire dingue, je ne vois pas
des collègues de la BAC agir ainsi, de manière totalement gratuite" ,
commente un haut responsable policier du département. Une enquête étant
diligentée par l'IGS, la préfecture de police de Paris ne souhaite pas réagir
pour le moment.
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