Cet article date de plus de treize ans.

L'historien Philippe Chassaigne répond à trois questions sur le mariage princier.

Professeur d'histoire contemporaine à l'université François Rabelais à Tours, spécialiste de l'histoire de la Grande-Bretagne, Philippe Chassaigne revient sur les relations entre les Britanniques et la famille royale.
Article rédigé par Violaine Jaussent - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Philippe Chassaigne a écrit plusieurs livres sur l'histoire de la Grande-Bretagne et de la famille royale. (DR)

Professeur d'histoire contemporaine à l'université François Rabelais à Tours, spécialiste de l'histoire de la Grande-Bretagne, Philippe Chassaigne revient sur les relations entre les Britanniques et la famille royale.

- Les Britanniques ont souvent entretenu des rapports ambivalents avec leur monarchie. A l'heure du mariage, très médiatisé, comment analysez-vous ces rapports ?
En fait, les Britanniques n'ont porté un regard vraiment critique sur la monarchie qu'à partir du milieu des années 1980, lorsque les mésaventures de Charles et Diana, puis celles d'Andrew et de Sarah Ferguson, ont été connues du grand public. Cette période marque un tournant : pour les Britanniques, les membres de la famille royale n'étaient pas à la hauteur de ce que leur fonction
exigeait en termes de dignité. Auparavant, et depuis le règne de Victoria, la monarchie était une institution respectée, quasiment vénérée. Par exemple, vers 1950, encore 50% des Britanniques pensaient que le souverain était le représentant de Dieu sur terre. Toutefois, depuis la "crise" qui s'est créée autour de la mort de Diana en 1997, la monarchie a amplement redoré son blason. La popularité de Charles est sensiblement plus grande qu'il y a quinze ans. Son mariage avec Camilla en 2005 l'a parfaitement illustré.

- Lors de la cérémonie, quelles seront les principales différences avec les précédents mariages de la famille royale qui ont marqué le XXe siècle ?
L'importance de l'audience : de 200 millions d'auditeurs pour le mariage d'Elisabeth II en 1947 (diffusé dans le monde entier via la BBC), 750 millions de téléspectateurs pour les noces de Charles et Diana en 1981, elle devrait passer à 2 milliards de personnes pour William et Kate. Cela s'explique par la formidable explosion des moyens de communication qui ont démultiplié les publics. L'autre nouveauté, ce sont les invités. Ils sont plus ouverts sur la "société civile" : il y a des artistes, des sportifs, et même des habitants du
village où les Middleton résident. Ce n'était pas le cas pour les noces d'Elisabeth II, ni pour celles de Charles et Diana. Mais le mariage du prince William s'inscrit aussi dans la lignée des précédents : l'abbaye de Westminster est un lieu traditionnel. C'est l'"abbaye de la nation", l'endroit où Guillaume le Conquérant a été couronné en 1066.

- Pour les Anglais, que représentent les "street parties", ces fêtes organisées dans la rue en l'honneur du mariage ?
C'est une pratique ancienne : il y en a eu en 1887 et 1897 pour les Jubilés d'Or et de Diamant de Victoria, à nouveau en 1977, pour le Jubilé d'Argent d'Elisabeth II et pour ses 50 ans de règne en 2002. A la veille de ces deux derniers événements, on pensait que les Britanniques étaient indifférents vis-à-vis de la monarchie et que ces "street parties" appartenaient au passé. Pourtant, c'est le contraire qui s'est produit : ces fêtes furent très nombreuses dans toute l'Angleterre, en 1997, mais aussi en 2002. Je pense donc
que cela traduit plus qu'une occasion de faire la fête.

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