La fin du monde aujourd’hui ou le calendrier involontaire de Laurent Fabius

Le 23 septembre 2015 –et c’est aujourd’hui- sonnerait la fin de tout, de la Terre et de l'Humanité, selon des théories développées sur Internet. Sans le vouloir, le ministre français des Affaires étrangères a participé au bricolage de l’argumentaire, avec une déclaration remontant au 13 mai 2014.

"Nous avons 500 jours pour éviter une catastrophe climatique"

C’est à la louche que Laurent Fabius donne ce top départ avant le chaos. Le ministre fait référence à l’ouverture de la conférence internationale sur le climat organisée à Paris, du 30 novembre au 11 décembre 2015. Il reste alors 566 jours sur le calendrier pour faire avancer les négociations. Il choisit le nombre de 500 pour marquer les esprits, visiblement bien au-delà de ce qu’il attendait.

Les adeptes des prévisions ultimes s’en donnent à cœur joie. 500 jours avant le chaos les amènent au 23 septembre 2015. En faisant une croix sur le calendrier, certains y ajoutent des dates véridiques liées à la religion, comme l’arrivée du pape aux Etats-Unis ce mercredi ou encore la fête juive de Yom Kippour. En fouillant un peu, on peut même se souvenir que la tentative d'assassinat du pape Jean-Paul II remonte au 13 mai 1981. 13 mai, jour choisi par Laurent Fabius pour sa déclaration... 

Qui peut y croire ?

Gérald Bronner, professeur de sociologie à l’université Paris Diderot, est spécialisé dans les croyances collectives. Il explique que "la croyance, fausse, est toujours fondée sur des arguments" . De quoi troubler même ceux qui ont les pieds sur terre.

"Ce que permet Internet, c’est d’agréger un certain nombre d’arguments et même un esprit assez logique finit par se dire, tout ça était vrai."

Pourquoi aime-t-on se faire peur ? Gérald Bronner évoque l’espoir que la prédiction de fin des temps apporte à certains individus.

"C’est l’idée que la fin des temps va organiser en quelque sorte une redistribution des cartes. Les premiers seront les derniers, les derniers seront les premiers. Une inversion des pouvoirs. C’est pourquoi il y a parfois une joie mauvaise y compris dans les populations démocratiques à imaginer que la fin des temps pourrait venir et qu’elle punirait les méchants."

Avec cette nouvelle prédiction datée au 23 septembre, n’y aurait-il rien de neuf ? Et bien si, relève le professeur Bronner en voyant que "le thème religieux" habituellement développé "a été en quelque sorte sécularisé" . Un bouleversement dû aux 500 jours de Laurent Fabius, ça c'est sûr et certain...