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Le commissariat d’Asnières touché par la tuberculose

Deux policières du commissariat d'Asnières (Hauts-de-Seine) auraient contracté la tuberculose. L'insalubrité des locaux et la lenteur de la hiérarchie à réagir sont pointées du doigt. Un troisième cas dans la même unité serait en cours d'analyse.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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  (Deux nouveaux cas de tuberculose ont été découvert dans la Police. La propreté des locaux serait notamment en cause © MaxPPP)

Un mois après la contamination de cinq CRS de Limoges, deux nouveaux cas de tuberculose ont été dépistés dans la police, cette fois-ci dans le commissariat d’Asnières, en Ile-de-France. Deux diagnostics révélés pasLe Point , qui met également en ligne le rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté de 2010 sur ce même commissariat. Déjà à l’époque, l’insalubrité du poste, essentiellement des geôles de garde à vue, étaient dénoncée. En plus de n’avoir rien fait pour enrayer l’épidémie, la hiérarchie aurait essayé d’étouffer l’affaire.

Quand fin mars la première policière se met à cracher du sang, ses collègues l’emmènent d’urgence à l’hôpital. Le diagnostic tombe : elle est atteinte de tuberculose. Mais l’hôpital et la cellule anti-tuberculose d’Ile-de-France refusent d’administrer le moindre traitement préventif aux autres 13 membres de l’unité. Selon eux, la maladie n’est pas contagieuse.

Une contre-vérité que la hiérarchie n’a pas démenti. Pire, elle aurait intimé de ne pas ébruiter l’affaire. Pour ne pas inquiéter, mais aussi pour éviter le coût d’un dépistage. Aucune mesure n’est prise et un mois plus tard, le 2 juillet, un deuxième cas est confirmé selon Le Point et un troisième serait en cours d’analyse.

"Il faut se battre pour obtenir des gants en latex, des masques de protection, des solutions hydro alcooliques"

"A l’heure actuelle on n’a pas la certitude absolue qu’il s’agit de la même souche qui a infecté notre collègue il y a trois mois" précise Emmanuel Cravello, secrétaire syndical d'Alliance des Hauts-de-Seine au sujet du deuxième cas et au micro de France Info. La première malade est, elle, "toujours sous traitement antibiotique s". "Depuis les collègues souhaitant un dépistage en ont bénéficié ."

Pour lui, ces maladies auraient pu être évitées par de simples réflexes d’hygiène : "Nous demandons tout simplement à l’instar des pompiers d’avoir du matériel de première intervention. Nos collègues sur le terrain sont amenés à intervenir dans des lieux bien souvent douteux avec une hygiène déplorables, avec des gens qui sont dans des conditions précaires. Il faut se battre pour obtenir des gants en latex, des masques de protection ou encore des solutions hydrologiques qui permettraient dans un premier temps de se désinfecter immédiatement après intervention. […] On nous parle de manque de moyen mais ça ne coûte pas bien cher."

 

Un quotidien qui use "psychologiquement et physiquement"

"Local aveugle complètement délabré" , toilettes "dans un état de saleté prononcé, rouleau de papier toilettes posé à même le sol ", "traces de sang séché", "odeur particulièrement nauséabonde", "couvertures sales" … Un rapport accablant de 2010 sur l’état du commissariat d'Asnières épinglait déjà son insalubrité. "Les cellules de garde à vue ne sont pas nettoyées lorsqu’elles sont occupées. Aucun désinfectant ou produit lessiviel ne paraît employé. La zone de garde à vue ne comporte pas de local de douche. Aucun kit d’hygiène n’est distribué. [...]  Les personnes n’ont pas la possibilité de se laver les mains après la prise des empreintes. "

 

"Malheureusement il n’y a pas que dans ce commissariat où les conditions sont déplorables,  poursuit Emmanuel Cravello. Ce sont des problèmes de rongeurs, des problèmes d’amiantes, des problèmes de douche, de légionellose. Certains commissariats ont des problèmes de potabilité de l’eau…"   Un quotidien qui "use les policiers aussi bien physiquement que psychologiquement ."

"Nous demandons simplement du matériel de première intervention", Emmanuel Cravello

 

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