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Le nouveau combat de Frigide Barjot

Exclue du mouvement dont elle a été porte-parole et aujourd'hui peut-être expulsée de son appartement, Frigide Barjot, l'héroïne des anti-mariage gay, vit des moments difficiles. L'ancienne porte-parole des opposants au mariage pour tous risque l'expulsion de son duplex parisien. La décision tombera aujourd'hui au tribunal d'Instance du 15e arrondissement.
Article rédigé par Richard Place
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

La décision est attendue tranquillement par le couple. 
Frigide Barjot et Basile de Koch (oui, ce sont des pseudos) se disent dans leur bon droit. Ce logement, c'est un
duplex de 173m² qu'ils disent louer 3.250 euros par mois. Situé à deux pas de la
Tour Eiffel, le loyer est nettement en-dessous du marché.

C'est un appartement de la régie immobilière de la Ville
de Paris. Basile de Koch, c'est le mari de Frigide Barjot, l'occupe depuis

  1. On lui reproche notamment d'y avoir domicilié sa société, Jalons. Sur cet
    aspect, il brandit une lettre envoyée par la régie il y a 27 ans, l'autorisant à
    installer le siège social de sa SARL à cette adresse (voir le fac-similé de ce courrier à la fin de cet article) .

Pas de doute pour Basile de Koch, cette procédure est la
conséquence de la contestation que menait son épouse : "C'est un coup bas qui
vient de haut. La Régie Immobilière de la Ville de Paris, c'est la voix de son
Maître, la voix de son Maire, si vous préférez. Depuis 27 ans, pas une lettre,
pas une mise en demeure, pas un coup de fil ou une remarque du gardien, rien !
Tout d'un coup, la bombe atomique, c'est-à-dire une assignation immédiate aux
fins d'expulsion de toute la famille. Ce n'est pas un hasard
." Le Maire de
Paris, Bertrand Delanoë, serait donc derrière cette procédure judiciaire, selon
Basile de Koch.

Et dans le même temps, Frigide Barjot est victime de ses
anciens amis. Elle vient d'être exclue de la Manif pour tous. Cela date de la semaine dernière. Elle ne fait
officiellement plus partie du Conseil d'administration de ce mouvement dont
elle a été l'égérie.

"On ne lâche rien !"... sauf elle

"On ne lâche rien ! " scandait-elle sur les podiums
devant plusieurs centaines de milliers de personnes qui manifestaient dans
Paris. Elle n'imaginait pas que le mouvement finirait par la
lâcher, elle. Dépassée par sa droite, les plus radicaux du mouvement.

Le mouvement s'est disloqué le jour du vote de la loi
sur le mariage pour tous. "Pourquoi tout bascule le 23 avril ? Parce que le
mouvement est très puissant et il y a des appétits politiques
, analyse-t-elle
aujourd'hui. Il y a des élections européennes qui approchent et je sais que certains,
dans le monde catholique, veulent avoir un rôle au Parlement européen. Ce n'est
pas ma vision des choses
." Virée de son mouvement et peut-être de son
appartement, Frigide Barjot ne semble pourtant pas abattue. Elle a lancé son
mouvement L'avenir pour tous et elle y croit.

Elle prône le changement constitutionnel de la loi
Taubira pour préserver le mariage hommes / femmes et la filiation humaine. Même si ce n'est pas très visible pour le moment, Frigide Barjot en est convaincue : "C'est en train de bouger ."

 "On sait pardonner quand on est catholique"

Frigide Barjot n'évoque pas les blessures, les trahisons,
les coups bas. C'est son ami Xavier Bongibault, ex porte-parole de la Manif
pour tous lui aussi, qui le fait à sa place : "On est forcément touché quand
on est menacé d'expulsion. On est forcément touché quand on reçoit des menaces
de mort à l'encontre de ses enfants. Elle est forcément touchée. Tout est fait
pour essayer de la faire taire, même les pires bassesses mais elle ne se taira
pas
."
Et elle se dit tout à fait prête à faire la paix avec ses anciens amis
pour lancer un mouvement sur un mot d'ordre commun contre la procréation médicalement assistée (PMA) et sans stigmatiser les homosexuels. Elle pourrait faire
fi des trahisons : "Je suis chrétienne. Il y a eu des erreurs, voire des
violences et des exclusions. On sait pardonner quand on est catholique
maintenant il faut que chacun reconnaisse ses erreurs
."

Elle reconnaît hors
micro qu'elle ne croit pas vraiment à une nouvelle alliance. Elle aimerait que
son combat soit maintenant relayé par un homme politique, elle cite François
Fillon sans grande conviction.
Car les élus qui se précipitaient sur les
podiums à ses côtés ne répondent plus à ses appels.

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