Le sexisme, un "tabou" trop souvent nié dans le monde du travail
Deux jours avant la Journée internationale des droits des femmes, un rapport dénonce un phénomène très répandu qui "a des conséquences sur la confiance en soi" chez les salariées visées.
Qu'il soit graveleux ou caché derrière une bienveillance néfaste, le sexisme au travail reste "un tabou" souvent nié dans le monde professionnel. C'est ce que souligne le rapport du Conseil supérieur de l'égalité professionnelle (CSEP), rendu public vendredi 6 mars, et remis à la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, deux jours avant la Journée internationale des droits des femmes.
D'après une enquête citée dans le document, menée en 2013 auprès de 15 000 salariés des deux sexes, 80% des femmes salariées sont régulièrement confrontées à des attitudes ou des décisions sexistes. Huit femmes sur dix et autant d'hommes interrogés ont notamment été témoins de blagues sur les femmes et 50% des femmes en ont été la cible.
Il existe trois types de sexisme
Or, d'après le rapport, ce sexisme, "qui fonctionne comme un redoutable instrument d'exclusion des femmes de la sphère professionnelle et leur signifie qu'elles ne sont pas à leur place", a des répercussions sur la confiance en soi, la performance et le bien-être au travail : 93% des femmes salariées estiment que cela peut amoindrir leur sentiment d'efficacité.
Les auteurs notent que "tout se passe tout d'abord comme si le mot sexisme était un mot tabou". Ils reconnaissent que le phénomène est compliqué à définir, car "la limite entre les actes, propos, attitudes acceptables et ceux qui ne le sont pas, (...) entre les propos blessants et humiliants et les propos humoristiques" n'est pas évidente. Le rapport, qui fait une centaine de pages, s'attèle d'abord à définir le sexisme. Les auteurs en distinguent trois formes : le sexisme "hostile" du type "les femmes sont nulles en mathématiques", le "sexisme subtil ou masqué", qui passe notamment par l'humour, et le "sexisme ambivalent, voire bienveillant", comme le paternalisme infantilisant.
Une notion "quasi-inexistante" dans le droit français
Dans un second temps, ils se penchent sur le sexisme dans le droit, notant sa "quasi-inexistence" ou une "approche floutée", même si d'autres notions comme le harcèlement peuvent être utilisées. Enfin, le rapport examine les outils mis en place par les entreprises, comme les règlements intérieurs ou les chartes.
Pour mieux combattre le phénomène, les auteurs formulent 35 préconisations, détaillées par Metronews : parmi elles, mieux mesurer le sexisme dans les enquêtes, intégrer la lutte contre le sexisme dans les règlements intérieurs des entreprises, lancer une campagne nationale dans les médias ou réunir à la fin de l'année un comité interministériel sur le sujet. Dans un entretien accordé au journal, Marisol Touraine estime que "notre loi est beaucoup plus protectrice qu'on ne l'imagine (...). Ce qu'il faut, c'est faire reculer la loi du silence pour que la loi de la République puisse s'appliquer."
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