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Le toit parisien de Chèvenement relance la polémique sur les affaires de logement

Le candidat du Mouvement républicain et citoyen à la présidentielle 2012 refuse de quitter un appartement de la Ville de Paris loué à prix modique dans le quartier du Panthéon.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Jean-Pierre Chevènement le 7 novembre 2011 à Paris.  (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

"Un ancien ministre, ça déménage ou ça ferme sa gueule." Le collectif Jeudi noir a donné le ton, jeudi 9 novembre, de la polémique autour du luxueux logement de la Ville de Paris loué à prix très modique par le candidat "souverainiste" déclaré à la présidentielle, Jean-Pierre Chevènement. FTVi fait le point sur l'affaire.

• De quoi est accusé Jean-Pierre Chevènement ? 

L'ancien ministre, 72 ans, occupe toujours un logement social de la régie immobilière de la ville de Paris (RIVP), au grand dam de la mairie qui voudrait le voir partir. L'affaire, relancée mardi par un article de l'Express.fr, remonte à plusieurs années.

Depuis 1983, le "Che" occupe un appartement de 120m2 dans le très beau quartier du Panthéon à Paris, pour un loyer de 1.519 euros, selon Pierre Aidenbaum, président de la RIVP et maire PS du 3e arrondissement, alors qu'un même appartement dans le privé lui coûterait 3 500 euros par mois.

• Que répond le président du MRC? 

Le président du Mouvement républicain et citoyen (MRC) s'est défendu mercredi :  "Je n'habite pas un appartement HLM, j'habite un logement à loyer libre catégorie ILM (immeuble à loyer normal). Le bailleur m'a proposé il y a un an un relèvement de 40% que j'ai accepté", se justifie le sénateur du Territoire-de-Belfort. "J'acquite un loyer qui va atteindre dans trois ans 1.950 euros par mois, sans les charges, et mon indemnité parlementaire s'élève à 5.700 euros, c'est à dire que j'acquite un peu plus du quart de mon indemnité parlementaire."

Jean-Pierre Chevènement dénonce une campagne de destabilisation, qui lui inspire du "mépris" et qui ne le fera "pas bouger d'un pouce". Et ce malgré les relances de la RIVP. Pierre Aidenbaum a rappelé lui avoir fait un courrier en 2009, puis une relance en juillet 2011 pour lui demander de quitter son logement. Jean-Pierre Chevènement lui a retourné une fin de non recevoir, comme le prouve un courrier rédigé par son avocat et publié par nos confrères du site Présidentielle 2012 de France Télévisions. Jean-Pierre Chevènement a la loi de son côté : à partir de 70 ans, "on ne peut plus déloger les gens", reconnaît Pierre Aidenbaum.

• Pourquoi la droite s'empare du sujet ? 

Le parti de la majorité y voit une occasion de tâcler la mairie socialiste de Paris sur sa politique du logement. Benoist Apparu l'a accusé de tenir "un double langage". "Le matin, 'je joue la morale et je fais des déclarations avec des grands trémolos dans la voix pour dire que je défends les pauvres' et ensuite 'je refuse de signer avec l'Etat pour reloger les Dalo'", ces personnes prioritaires pour un relogement, a lâché le secrétaire d'Etat au logement. La mairie de Paris a aussitôt répliqué, dénonçant des "propos mensongers"

La ministre UMP du Budget, Valérie Pécresse, en a remis une couche, estimant que la Ville de Paris, dirigée depuis une décennie par le socialiste Bertrand Delanoë, avait échoué à résoudre ce problème.

• Quels sont les précédents ? 

Ce dossier ne s'arrête pas au fondateur du MRC, de nombreuses personnalités de droite et de gauche, des journalistes, des hauts fonctionnaires, bénéficiant de logements de la Ville à des coûts privilégiés, du fait de leurs relations. Quand la capitale était dirigée par la droite sous la direction de Jacques Chirac puis Jean Tiberi, entre 1977 et 2001, les scandales de ce type s'étaient multipliés, le Premier ministre Alain Juppé étant même contraint par le procureur à déménager d'un logement occupé à bas prix en 1996.

En 2008, le dossier avait été relancé quand Jean-Paul Bolufer, directeur de cabinet de la ministre du Logement Christine Boutin, avait été contraint après une polémique de quitter un appartement de 190 m2 occupé depuis 1981 dans le 5e, au prix de 1 197 euros mensuels. 

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