Mai 1968 : les femmes toujours dans l'ombre des hommes
En mai 1968, les hommes n'étaient pas les seuls à vouloir monter sur les barricades pour faire entendre leurs revendications. Quelle place a-t-on laissé aux femmes et à leurs volontés ? Éléments de réponse.
Elles distribuent des tracts, vendent des journaux, écrient des slogans... En Mai-68, les femmes sont les petites mains mais jamais les dirigeantes de la révolte étudiante. Et ce sont bien les hommes qui monopolisent la parole. En principe, tout le monde a le droit de s'exprimer, mais tout reste encore une affaire d'hommes. Henri Weber, ancien responsable étudiant, le reconnaît bien volontiers aujourd'hui. "Nous étions des affreux machos : aux femmes l'exécution, le soin, la famille, et aux hommes le commandement, l'autorité, la création... on avait été biberonnés avec celà". Pourtant, les femmes sont bien présentes dans les années 60. Elles sont environ 40 % de la population active mais peu sont des cadres, et beaucoup sont des ouvrières ou des employées.
La naissance du MLF
Chez les étudiants, elles forment déjà la moitié des effectifs, on les voit partout à l'université. Et dans la rue, elles s'émancipent, avec notamment la mode de la minijupe dès 1967. Cette année-là fut également celle de la légalisation de la pilule contraceptive, autre révolution. Pourtant, en 1968, les femmes ne prennent toujours pas la parole. Pourquoi ? Michèle Idels, étudiante engagée, répond : "Je n'avais aucune espèce de langue, je ne savais pas parler. Les femmes n'existaient pas, on n'imagine même pas à quel point elles étaient invisibles en 1968. Elles étaient 1 % à l'Assemblée nationale, et on les voyait nulle part, il n'y avait pas de professeure à l'université". C'est juste après Mai-68 qu'elles décident de descendre dans la rue, de se faire entendre et de rattraper le temps perdu. C'est la naissance du MLF : le mouvement de la libération des femmes. Depuis, elles n'ont eu de cesse de prendre la parole.
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