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Mal-logement : le rapport accablant de la Fondation Abbé Pierre

En France, 6 millions de personnes vivent en situation de réelle fragilité dans le domaine du logement. Un constat de la Fondation Abbé Pierre qui publie son 13ème rapport sur le mal-logement. Alors que le gouvernement vient d'annoncer un plan pluri-annuel et une enveloppe de 250 millions d'euros, trouver un logement relève aujourd'hui du parcours du combattant...
Article rédigé par franceinfo
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87% des ménages français ont le sentiment qu'il est aujourd'hui difficile de trouver un logement. Cette question est devenue la préoccupation numéro 1, devant l'emploi. Se loger, c'est une vraie galère, constate la Fondation Abbé Pierre. Et pas seulement pour les ménages pauvres ou les couches populaires, mais aussi pour les classes moyennes. Au bout du chemin, trouver un logement décent et indépendant n'est pas toujours garanti. Le marché immobilier fonctionne, en fait, comme une gigantesque machine à trier les demandeurs.

L'accès au parc locatif privé est de plus en plus difficile (loyers élevés, garanties de plus en plus fortes demandées par les bailleurs, augmentation spectaculaire du nombre de contentieux locatifs et d'expulsions...). Alors, les solutions provisoires se multiplient (hébergement dans la famille ou chez des tiers, recours à des formes d'habitat indigne, passage par des structures d'hébergement). Et quand les familles parviennent à obtenir un logement social (3 à 12 ans d'attente) et à s'y stabiliser, il leur est souvent impossible de s'en extraire. Sur les 3,2 millions de ménages qui cherchent chaque année à louer un logement (dont plus d'1,2 million de demandeurs de logements sociaux), seuls 430.000 ont eu accès au parc social en 2006, contre 500.000 en 1999. Il manque aujourd'hui en France plus de 800.000 logements sociaux.

La Fondation pointe aussi du doigt la loi DALO (Droit au logement opposable), entrée en vigueur le 1er janvier dernier. Même si elle "constitue incontestablement une avancée", elle se révèle inapplicable en l'état, à cause de la pénurie de logements : 600.000 ménages remplissent les critères de priorité imposés par la loi, mais le contingent préfectoral ne permet de reloger que 60 à 65.000 d'entre eux par an.

2 à 5 millions de personnes en logement "indigne"

Autre constat, celui du logement indigne. Malgré les politiques d'amélioration de l'habitat, l'actualité regorge de cas d'insalubrité, de saturnisme infantile, de marchands de sommeil, de bidonvilles. Quelques 2 à 5 millions de personnes vivent aujourd'hui dans des situations de surpeuplement ou d'inconfort. Le logement insalubre est de plus en plus répandu et les crédits alloués pour le contrer en constante diminution. L'association estime qu'un budget de 75 millions d'euros serait nécessaire. En 2006, 26 millions y ont été consacrés. L'an dernier, seulement 208.500 logements ont été réhabilités, soit une baisse de 41% en six ans.

Un toit pour tous ? Oui, mais pour les plus riches... Alors que la construction a retrouvé un niveau de production qu'elle n'avait pas connu depuis longtemps, les produits les plus chers sont privilégiés et l'accession ne s'adresse qu'à ceux qui sont dotés de ressources conséquentes, note le rapport.

Anne Jocteur Monrozier

 
Présentation du rapport 2008 de la Fondation Abbé Pierre, ce matin à Paris

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