Après le mariage pour tous, la Gay Pride a-t-elle encore une raison d'être ?
Avant la marche de samedi après-midi, francetv info a posé la question à Nicolas Gougain, porte-parole de l'Inter-LGBT.
Un mois jour pour jour après le premier mariage entre deux hommes à Montpellier, la marche des fiertés lesbiennes, gaies, bi et trans est organisée samedi 29 juin à Paris. A-t-elle encore un sens après l'entrée en vigueur de la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe ? Francetv info a posé la question à Nicolas Gougain, porte-parole de l'Inter-LGBT, structure qui organise la manifestation.
Le mariage, oui, mais pas seulement
Le mot d'ordre de cette Marche des fiertés est clair : "Droits des LGBT, allons au bout de l'égalité." "Certes, le mariage pour tous est une avancée majeure pour les droits des LGBT de ces dernières années, nous explique Nicolas Gougain. Pour autant, nous sommes loin d'avoir répondu à toutes les inégalités, toutes les discriminations que subissent les LGBT depuis des années."
Au cœur des revendications des associations de défense des droits des homosexuels : la procréation médicalement assistée, promesse de campagne de François Hollande, passée à la trappe lors du débat sur la loi Taubira. Les questions de filiation et de parentalité (notamment le cas de l'accès à l'adoption hors mariage, la transformation de la présomption de paternité ou encore la création d'un statut du beau-parent pour les familles pluriparentales) sont aussi pointées par les associations. Autre revendication : le droit des personnes transsexuelles. "Leur situation est déplorable et la France est très en retard sur ce sujet", déplore le porte-parole de l'Inter-LGBT, citant notamment les difficultés des transsexuels pour leur changement d'état civil.
L'opposition à la loi a renforcé le mouvement LGBT
Nicolas Gougain le reconnaît : "L'année a été difficile." "Avec l'opposition à la loi sur le mariage pour tous, une homophobie décomplexée s'est exprimée ces derniers mois", estime-t-il, tout en soulignant qu'elle a pu avoir un effet mobilisateur. "Les associations et les mouvements LGBT ont accueilli beaucoup de nouveaux adhérents et sympathisants. Donc même si l'homophobie s'est exprimée médiatiquement, le mouvement LGBT s'est lui aussi renforcé."
"Il y un an, on se demandait si le soufflé n'allait pas retomber, si les militants n'allaient pas déserter les associations, raconte le porte-parole de l'Inter-LGBT. A l'inverse, on constate que depuis le vote de la loi, la dynamique reste importante. Chacun a pris conscience de tout ce qu'il restait à faire", poursuit Nicolas Gougain en admettant que l'ampleur du mouvement des opposants à la loi en a mobilisé plus d'un.
La sortie du placard est toujours d'actualité
La Marche des fiertés n'a pas toujours mis le mariage sur la liste de ses revendications. "Historiquement, les objectifs ont toujours été multiples", rappelle l'organisateur de la Gay Pride. "Il y a à la fois des objectifs revendicatifs en termes de droits, mais aussi de visibilité." Il ajoute : "On a quand même vu ces derniers temps que certains responsables politiques ou de la société civile nous incitaient à être plus discrets, à retourner dans le placard, à se faire petits…"
Citant la polémique autour du mariage de Montpellier, que certains ont trouvé trop médiatisé ou provocant, Nicolas Gougain estime que "les homosexuels doivent rappeler qu'ils ont leur place dans l'espace public". "La récente dégradation de l'exposition d'Olivier Ciappa [qui met en scène des couples homos imaginaires] le prouve aussi : cela montre que les images de couples homosexuels ou de familles homoparentales ne devraient pas être visibles. Il y a donc un impératif de visibilité, martèle le responsable associatif. Il faut dire à chaque personne qui se sent concernée, à chaque LGBT et à ses proches : 'ne restez pas dans votre placard, ne vous cachez pas'."
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