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Quel plan de bataille pour la Manif pour tous, après le report de la loi sur la famille ?

Le collectif a présenté son bilan de la manifestation du 2 février et évoqué ses combats à venir, mardi 4 février.

Article rédigé par Ariane Nicolas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Une pancarte dans le cortège de la Manif pour tous, à Paris, le 2 février 2014. Le collectif entend désormais s'attaquer à la fiscalité des familles. (CITIZENSIDE / GERARD POUSSET / AFP)

"Nous sommes heureux mais restons vigilants." En rang serré face au mur de caméras et micros, mardi 4 février, les représentants de la Manif pour tous dissimulent leurs sourires. La veille, le gouvernement a annoncé qu'il repoussait au moins à 2015 le projet de loi sur la famille, censé être débattu au printemps au Parlement. De là à y voir une victoire après les défilés de dimanche, qui ont réuni au moins 100 000 personnes à Paris et Lyon, il n'y a qu'un pas.

Le collectif n'a pas prévu de nouveau rassemblement, mais ne compte évidemment pas s'arrêter là. La présidente de la Manif pour tous, Ludovine de la Rochère, a annoncé une série d'actions destinées à mettre la pression sur l'exécutif, la droite et plus généralement à mobiliser "tous les citoyens". Quels sont les projets de la Manif pour tous ?

Combattre de nouvelles mesures

Faute de pouvoir revenir sur la loi Taubira ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels, les opposants au mariage pour tous combattent désormais de nouvelles mesures. La manifestation de dimanche, où "aucun débordement n'a été constaté", rappelle le mouvement, dénonçait "la familiphobie" du gouvernement. Quelles sont les principales sources de mécontentement, en plus de la Procréation médicalement assistée et de la Gestation pour autrui, de la Manif pour tous ?

Le genre à l'école. La Manif pour tous demande "la suspension immédiate" de l'ABCD de l'égalité, expérimentation conçue pour lutter contre les stéréotypes filles-garçons à l’école dans laquelle elle voit un déni des "données biologiques" de l'enfant. Clarification nécessaire, Ludovine de la Rochère précise que le terme "théorie du genre", d'abord utilisée pour critiquer le texte, est inapproprié. Elle préfère employer l'expression "idéologie du genre", qui se distingue plus nettement des "études sur le genre" enseignées à l'université.

• La fiscalité des familles. Ludovine de la Rochère assure que les trois quarts des Français jugent "excessive pour les familles" la politique fiscale du gouvernement, notamment à travers la baisse du plafond du quotient familial et le projet d'un impôt individualisé. La Manif pour tous souhaite ainsi élargir ses combats au domaine économique, et non plus seulement sociétal.

• Les congés parentaux. Voté au mois de janvier dans le cadre de la loi sur l'égalité femme-homme, le nouveau dispositif sur le congé parental suscite également de vives critiques. La loi prévoit désormais un congé parental de trois ans pour la mère à partir du deuxième enfant, si le second parent prend six mois de congé. Dans le cas contraire, cette période est réduite à deux ans et demi. "Dans notre contexte économique et social, il est parfois impossible que le père s'absente pendant six mois, assène Ludovine de la Rochère. Il faut laisser les parents choisir." 

Organiser un meeting pour le "grenelle de la famille"

Le prochain rendez-vous d'ampleur de la Manif pour tous aura lieu le 8 mars à La Mutualité, à Paris. Le collectif tiendra un meeting pour ressouder ses troupes, mais aussi faire le bilan de son "grenelle de la famille" initié à l'automne 2013. D'ici là, la Manif pour tous aura rédigé une loi-cadre sur la famille, avec ses propres propositions en la matière. Une tactique qui confirme que le mouvement veut de plus en plus "agir comme un think tank". "Nous restons vigilants et continuerons les actions dans la rue si c'est nécessaire", prévient-on.

Ludovine de la Rochère, présidente de La Manif pour tous, le 2 mars 2013. (  MAXPPP)

Le terme de "grenelle" n'a d'ailleurs pas été choisi au hasard. Il renvoie au "grenelle de l'environnement" lancé par Nicolas Sarkozy en 2007. Or, pour Tugdual Derville, autre porte-parole de la Manif pour tous, "la famille et l'écologie sont comparables. Il est question de la survie de l'humanité, de notre patrimoine commun. Comme l'écologie gouvernementale, notre combat consiste à préserver notre écosystème de base." Les éléments de langage sont déjà choisis.

Peser sur les élections

A quelques mois des municipales et des européennes, la question taraude les journalistes. La Manif pour tous présentera-t-elle des candidats ? "Non", répond sa présidente. En revanche, le collectif entend bien peser dans le débat en proposant une charte aux maires de France. Cette "charte des maires et des candidats aux élections municipales", dont le contenu est disponible ici, a pour l'instant été signée "par quelques centaines de personnes". "Mais nous ne sommes qu'au début de la démarche", fait savoir Ludovine de la Rochère.

A quoi servira cette charte ? "Il est important que les maires et les candidats défendent leurs convictions", développe Philippe Brillault, maire du Chesnay, conseiller général des Yvelines et ardent opposant au mariage pour tous. "Ils ont un rôle à jouer à quelques mois du renouvellement partiel du Sénat [au mois de septembre]. Et je rappelle que ce sont eux qui délivrent les signatures pour les candidats à la présidentielle."

Soulignant "le courage" des quelques députés UMP fidèles à la Manif pour tous, comme Hervé Mariton ou Philippe Gosselin, Ludovine de la Rochère assure néanmoins que la Manif pour tous "n'est pas en train de devenir un parti." Camel Bechikh, du club de réflexion Fils de France, présent à ses côtés, l'appuie : "Nous ne sommes pas prisonniers des partis politiques. Ne ne serons jamais une monnaie d'échange. Ce sont aux citoyens, dans les urnes, de retraduire leurs convictions politiquement."   

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