Pertes record chez Areva : "Pas de licenciements", assure le gouvernement
Le géant du nucléaire français a confirmé des pertes avoisinant les 5 milliards d'euros en 2014 et annonce un plan d'économies d'un milliard d'euros. Mais le gouvernement repousse toute suppression d'emploi.
Le ministre du Travail, François Rebsamen, a assuré, mercredi 4 mars, que le plan d'économies annoncé le matin même par Areva ne conduirait pas à des licenciements. "S'il y avait des suppressions de postes, cela se ferait bien sûr sans licenciements", a déclaré le ministre sur France Inter, évoquant les craintes des syndicats face aux pertes record enregistrées par l'entreprise, détenue à 87% par l'Etat.
Le spécialiste français du nucléaire a confirmé avoir accusé une perte record de près de 4,834 milliards d'euros en 2014, un montant supérieur à sa valeur en Bourse (3,7 milliards d'euros). Il a également exposé comment il comptait redresser la barre, via des cessions d'actifs et des économies drastiques.
"Un plan de compétitivité ambitieux"
Le spécialiste public du nucléaire, dont l'Etat français contrôle directement ou indirectement près de 87% du capital, a ainsi fait savoir dans un communiqué qu'il présenterait d'ici à la publication de ses comptes semestriels un plan de financement pour la période 2015-2017, avec l'objectif de réaliser un milliard d'euros d'économies.
"L'urgence pour le groupe est de sortir de la crise qu'il traverse et d'assurer son avenir avec le lancement immédiat d'un plan de compétitivité ambitieux, fondé sur la simplification des organisations, la qualité des opérations, et une toute nouvelle approche de la gestion des risques pour les grands projets", indique le groupe.
Ce plan passera notamment par une nette réduction des investissements, un programme de cessions d'actifs supérieur aux 450 millions d'euros annoncés en octobre dernier et des "partenariats sur le volet financier". Le groupe veut également se "recentrer sur le cœur des procédés nucléaires" et souhaite une "refonte" de son partenariat avec EDF.
Les syndicats craignent un "impact social sans précédent"
Dans un entretien accordé mercredi au Figaro, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, envisage de refondre la filière nucléaire française et plus particulièrement la relation entre EDF et Areva "jusqu'à un rapprochement, y compris capitalistique".
Areva, qui comptait 45 340 collaborateurs fin 2013, dont les deux tiers en France, n'a pas évoqué de recours à des suppressions de postes, qui seraient une première pour le groupe. L'entreprise prévoit d'engager "à partir de la fin du mois de mars" une phase de concertation avec les organisations syndicales sur "un projet d'accord-cadre" relatif à "l'emploi, aux rémunérations et au temps de travail".
S'il faudra attendre quelques semaines, voire quelques mois, pour obtenir un possible chiffrage de ces répercussions sur l'emploi, les syndicats d'Areva disent déjà redouter un "impact social sans précédent" et déplorent que les salariés fassent les frais d'un "naufrage" dans lequel ils estiment n'avoir "aucune responsabilité".
Marché du nucléaire à la peine depuis Fukushima, retards à répétition sur les chantiers des réacteurs de troisième génération EPR, manque de compétitivité : les facteurs à l'origine des pertes financières d'Areva sont identifiés. Reste à trouver la parade pour l'avenir.
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