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L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire menacé de suppression : ses salariés en grève alertent sur un affaiblissement de l'expertise

Le gouvernement veut inscrire dans son projet de loi d'accélération du nucléaire la suppression de l'Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN), en répartissant ses missions entre l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et du Commissariat à l'énergie atomique (CEA).
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). (THOMAS SAMSON / AFP)

Les 1 700 salariés de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) sont appelés à faire grève lundi 20 février. L'IRSN réalise les études techniques et scientifiques pour le compte de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Mais ce système de contrôle à deux têtes est jugé trop lourd et trop lent par le gouvernement, soucieux de voir la nouvelle génération de centrales nucléaires sortir de terre dans les délais qu'il a fixés. Il compte donc déposer lundi 20 février un amendement au projet de loi d'accélération du nucléaire afin de supprimer l'IRSN.

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Le système français de sûreté nucléaire est né dans les années 2000. Fruit des longs débats qui ont suivi l'accident de Tchernobyl, il reprend l'organisation des autorités sanitaires : d'un côté, un organisme scientifique et technique né en 2002 : l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). De l'autre, une autorité de contrôle : l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), née en 2006.

Une séparation des activités "complexe"

"Depuis 20 ans, l'IRSN remplit ses missions. Son travail est rigoureux, complet et intègre, plaide Jean-Christophe Niel, directeur général de l'IRSN, devant les députés. L'IRSN fait appel aux compétences de ses experts et de ses chercheurs. La séparation des activités d'expertise et de recherche sera complexe car ces activités sont parfois exercées par les mêmes personnes."

C'est précisément cette séparation que vise le projet gouvernemental qui a surpris tout le monde lors de son annonce début février, selon François Jeffroy, délégué CFDT à l'IRSN : "Le projet consiste à découper l'IRSN en au moins deux morceaux : d'un côté l'expertise qui rejoint l'ASN, et de l'autre la recherche, qui rejoint le Commissariat à l'énergie atomique. Et ça va affaiblir l'expertise." Il craint par ailleurs que ce projet ne perturbe la dimension démocratique du système.

"Le système actuel, avec un avis technique et une décision, favorise le regard de la société civile parce qu'elle a accès aux différentes étapes du processus. Cela facilite la transparence."

François Jeffroy

à franceinfo

"Une information très brutale"

Des anciennes salariés de l'institut critique eux-aussi cette décision. L'ancien directeur général adjoint de l'IRSN, chargé de la sûreté nucléaire, Thierry Charles, a ainsi jugé ce lundi sur franceinfo le projet du gouvernement de "très brutale". Il loue l'importance de l'expertise en matière de risque nucléaire : "On déstabilise complètement le système et on peut craindre d'avoir une perte très forte dans le domaine de l'expertise." Pour cet ex de l'IRSN, "faire une révolution, ne va pas apporter grand-chose car casser un système qui marche pour un système qu'on ne connaît pas, ce n'est pas souvent la bonne solution".

"Se précipiter, c'est contraire à la sûreté."

Thierry Charles, ancien directeur général adjoint de l’IRSN, chargé de la sûreté nucléaire

à franceinfo

Vendredi 17 février; le conseil d'administration de l'IRSN a voté une motion d'alerte, craignant une "paralysie" des institutions de contrôle de la sûreté alors même que le gouvernement tente de relancer le nucléaire en France.

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