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Malgré la guerre en Ukraine, le nucléaire français encore dépendant de la Russie, dénonce Greenpeace dans un rapport

L'ONG trouve "scandaleux" que la France continue à acheter de l'uranium enrichi à la Russie, notamment via la société russe Rosatom.
Article rédigé par franceinfo - Paul Sertillanges
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Salle des commandes de la centrale nucléaire de Chooz (Ardennes), 23 mai 2019. (ALEXANDRE BLANC / RADIO FRANCE)

Le nucléaire français demeure dépendant de la Russie, et même de plus en plus malgré la guerre en Ukraine. C'est ce que conclut un rapport publié samedi 11 mars par l'ONG Greenpeace et que franceinfo a pu consulter. Ce rapport révèle que l'an dernier, la France n'a pas seulement continué à importer de l'uranium enrichi russe elle a presque triplé ses importations : 312 tonnes, soit un tiers de la quantité nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires françaises pendant un an. La filière nucléaire russe échappe donc totalement aux sanctions, dénonce Greenpeace dans ce rapport, deux jours avant l'examen, lundi 13 mars, du projet de loi d’accélération du nucléaire à l'Assemblée nationale. Ce texte vise à accélérer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.

 

 >> Déjà en novembre dernier, Greenpeace dénonçait la poursuite "scandaleuse" du commerce d'uranium entre la France et la Russie


Tout au long de l'année 2022, les cargos russes remplis d'uranium ont continué à livrer la France, commente Pauline Boyer, chargée de campagne nucléaire à Greenpeace. Elle décrit "un ballet incessant des cargos russes qui transportent de l'uranium entre Saint-Pétersbourg et Dunkerque". On y trouve de l'uranium enrichi russe, mais aussi de l'uranium naturel, confirme Pauline Boyer, "une énorme partie de l'uranium naturel que nous achetons au Kazakhstan et à l'Ouzbékistan, et qui représente quasiment la moitié de l'uranium naturel importé en France ces dernières années."

Que cet uranium vienne de Russie, d'Ouzbékistan ou du Kazakhstan, il transite par Rosatom, l'entreprise publique du nucléaire russe. Ce géant du secteur qui non seulement vend, distribue à la France, mais reprend également son uranium utilisé pour le retraiter. "Nous, à Greenpeace, on trouve scandaleux que la France continue à collaborer avec Rosatom. La dépendance créée par Rosatom est du même ordre que celle créée par les entreprises gazières et pétrolières. Elle devrait être traitée de la même façon", tempête l'ONG.

La réponse d'EDF

De son côté, EDF dit "maximiser la diversification de ses sources géographiques et de ses fournisseurs" en combustible nucléaire : "Nous ne sommes dépendants d'aucun site, d'aucune société et d'aucun pays" et assure n'avoir "acheté aucun uranium naturel extrait de mines russes, ni de services de conversion de l'uranium naturel en Russie en 2022".

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