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Nucléaire : la construction de nouveaux EPR irait "à l'inverse du sens de l'histoire"

L'énergie produite par les EPR "reste plus chère que les énergies renouvelables", affirme Yves Marignac, spécialiste du nucléaire, porte-parole de l'association négaWatt.

Article rédigé par franceinfo
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L'EPR de Flamanville (Manche), le 16 août 2019. (LOU BENOIST / AFP)

La construction de six nouveaux EPR, évoquée par le président d'EDF Jean-Bernard Lévy dans un entretien au Monde jeudi, irait "à l'inverse du sens de l'histoire", a réagi vendredi 18 octobre sur franceinfo Yves Marignac, spécialiste du nucléaire, porte-parole de l'association négaWatt, qui promeut le recours aux énergies renouvelables.

Jean-Bernard Lévy affirme notamment que la "neutralité carbone en 2050" ne pourra pas être assurée "uniquement avec des renouvelables et du stockage". "Il faudrait que le président d'EDF sorte un peu du contexte français, parce que de plus en plus d'experts en sont, au contraire, persuadés", a rétorqué Yves Marignac.

Retards et surcoûts

"C'est extrêmement problématique du point du vue du pari industriel que ça représente : l'EPR de Flamanville connaît les pires difficultés, l'EPR d'Olkiluoto en Finlande a également connu un coût désastreux dans sa construction, les EPR qu'EDF a commencé à construire au Royaume-Uni, à Hinkley Point, sont déjà très en retard et très en surcoût", a souligné le porte-parole de négaWatt.

Dans son interview au Monde, le PDG d'EDF affirme qu'"il n'y a pas de problème sur l'EPR en soi", malgré les déboires du chantier de l'EPR à Flamanville, dont la mise en service a été repoussée à 2023, prenant l'exemple des deux réacteurs de Taishan, en Chine, qui "fonctionnent très bien". Pour Yves Marignac, "le contexte industriel" est "totalement différent" en Chine. "Le retour d'expérience en Europe et en France, c'est que l'industrie nucléaire n'est plus capable d'assurer la maîtrise de chantier de cette taille et de cette nature."

EDF nous propose de nous engager dans un projet qui n'a aucune chance d'être rentable sur les marchés de l'énergie européens.

Yves Marignac

à franceinfo

Jean-Bernard Lévy explique, par ailleurs, qu'il est possible de "construire un réacteur nucléaire, dans la catégorie des 65 à 70 euros du mégawattheure". Yves Marignac est sceptique : "C'est presque deux fois moins que ce qu'on va atteindre avec l'EPR de Flamanville. Même à supposer qu'EDF soit capable demain de construire des EPR atteignant ce coût-là, ça reste plus cher que les énergies renouvelables", a-t-il affirmé.

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