Nucléaire : la France s'allie à dix Etats de l'UE pour "soutenir de nouveaux projets" pour la filière
Le club des pro-nucléaires prend forme. Onze pays de l'Union européenne, emmenés par la France, ont annoncé, mardi 28 février, un approfondissement de leur coopération autour de l'atome, malgré l'opposition farouche de l'Allemagne. "L'énergie nucléaire est l'un des nombreux outils permettant d'atteindre nos objectifs climatiques, de produire de l'électricité de base et de garantir la sécurité de l'approvisionnement", affirment-ils dans une déclaration commune.
La France, la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, la Hongrie, la Finlande, les Pays-Bas, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie s'accordent pour "soutenir de nouveaux projets" nucléaires, basés notamment "sur des technologies innovantes", ainsi que "l'exploitation des centrales existantes". Le texte prévoit des projets communs de formation, "des possibilités de coopération scientifique accrue" et l'échange des "meilleurs pratiques dans la sécurité".
Pour Paris, le nucléaire, énergie pilotable et sans émissions de CO2, est "complémentaire" des renouvelables pour atteindre l'objectif européen de neutralité carbone en 2050. "Etats-Unis, Royaume-Uni, Corée du Sud, Chine, Inde et même Japon envisagent le nucléaire comme un moyen important de décarboner leur économie. Nous devons être sur un pied d'égalité", avait plaidé la ministre française Agnès Pannier-Runacher lundi.
Pour Berlin, priorité aux renouvelables
Les onze pays signataires sont les mêmes qui soutenaient fin 2021 la reconnaissance du caractère "durable" du nucléaire dans la "taxonomie" européenne, une labellisation verte permettant de faciliter certains investissements. Ils avaient obtenu gain de cause dans le texte adopté mi-2022.
De son côté, l'Allemagne estime que l'Europe devrait se concentrer sur le financement des renouvelables. "Nous avons des objectifs de décarbonation que chaque Etat peut atteindre comme il l'entend. Mais l'UE s'est aussi fixé des objectifs de renouvelables à atteindre ensemble", auquel le nucléaire ne peut contribuer, a déclaré le secrétaire d'Etat Sven Giegold.
L'hostilité de Berlin à l'atome est partagée notamment par l'Autriche et le Luxembourg. "Pour gagner la course contre le changement climatique, nous devons être rapides. Les nouvelles centrales nucléaires, c'est 15 ans de construction, deux à trois fois plus cher que l'éolien et le solaire", a soutenu le ministre luxembourgeois Claude Turmes.
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