Soudures défectueuses à Flamanville : "On peut réellement se demander si l'EPR entrera en fonction un jour"
Yves Marignac, spécialiste du nucléaire, s'interroge sur les nouvelles défaillances relevées sur des soudures de l'EPR de Flamanville (Manche).
"On peut réellement se demander si l'EPR entrera en fonction un jour", se demande jeudi 20 juin sur franceinfo Yves Marignac, spécialiste du nucléaire, porte-parole de l'association NégaWatt et directeur du cabinet Wise-Paris, proche du mouvement anti-nucléaire. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a demandé à EDF de réparer huit soudures difficilement accessibles de l'EPR de Flamanville (Manche), ce qui va entraîner de nouveaux retards.
franceinfo : Comment peut-on expliquer ces nouvelles défaillances ?
Yves Marignac : C'est très difficile. Soit ce sont des défaillances de conduite de chantier, soit il y a une volonté de cacher des problèmes. Les premières indications sur les défauts dont on parle remontent à 2013. Il a fallu attendre 2015 pour qu'elles soient officiellement signifiées à EDF et 2017 pour qu'EDF fasse de même à l'Autorité de sûreté nucléaire. Tout cela est profondément inquiétant et défaillant.
On sait réparer ces soudures, si l'on a pas su les faire correctement au départ ?
On sait faire des soudures de qualité nécéssaire, donc on peut regretter que cela n'ait pas été fait d'emblée. La question est maintenant de savoir si l'on sait réparer des soudures très peu accessibles, entourées par des éléments très fragiles. L'opération risque de dégrader d'autres éléments autour, eux-mêmes non remplaçables. C'est un chantier très délicat et à très haut risque.
Est-ce que cet EPR entrera en fonction un jour ?
On peut réellement se poser la question. Le fait même de réparer ces soudures et de restaurer la qualité voulue n'est pas acquis aujourd'hui. Et puis les indications sur des problèmes de contrôle et de contractualisation signifient qu'il y a potentiellement d'autres problèmes de qualité dans l'EPR qui n'ont pas encore été trouvés.
Par ailleurs, il y a la question financière : chaque année de retard représentent plusieurs centaines de millions - voire milliards - d'euros. Le gouffre financier est tel que la question peut se poser de jeter l'éponge plutôt que de rester dans un jusqu'au-boutisme qui semble être aujourd'hui la position d'EDF.
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