Tirs de missiles balistiques : la menace de la Corée du Nord est "réelle"
Suite aux tirs d'essais de missiles balistiques par la Corée du Nord, l'armée américaine a annoncé, lundi, déployer son bouclier anti-missiles THAAD en Corée du Sud. Des essais qui démontrent que "la menace est réelle", pour Valérie Niquet, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique.
L'armée américaine a annoncé lundi 6 mars, dans la soirée, avoir commencé à déployer son bouclier anti-missiles THAAD en Corée du Sud. Soit quelques heures après l'annonce de nouveaux tirs d'essais de missiles balistiques par la Corée du Nord. Après avoir procédé à plusieurs tirs, Pyongyang assure qu’il s’agit d’un exercice pour préparer des frappes contre les bases américaines au Japon. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir ce mardi à la demande du Japon et de la Corée du Sud.
Selon Valérie Niquet, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique, ce sont "des missiles à courte et moyenne portée" et avec "un tir groupé". "La menace est réelle et la Corée du Nord a un programme nucléaire et balistique bien plus développé que le programme iranien", a également souligné Valérie Niquet sur franceinfo ce mardi.
franceinfo : Lorsque l'on parle de tir de missile balistique, de quoi s'agit-il précisément ?
Valérie Niquet : Ce sont des missiles à courte et moyenne portée. Ce ne sont pas des missiles intercontinentaux. On sait que la Corée du Nord essaie de développer, mais sans succès véritable, un missile qui lui permettrait de frapper le territoire américain. Dans le cas présent, ce sont des tirs à plus courte portée mais pour lesquels la Corée du Nord a développé une expertise technique.
Ce qui est intéressant, c’est que Pyongyang procède à un tir groupé.
Valérie Niquetà franceinfo
Ce n’est pas la première fois que les Nord-Coréens font ce type d’essais, y compris en direction du Japon. C’est la deuxième fois que ce type de missile tombe dans la zone économique exclusive de la mer du Japon, près des côtes japonaises. Mais cette fois, il s’agit d’un tir groupé, dont on pense qu’il a été effectué pour tenter de répondre à la mise en place de système de défense anti-missile par le Japon et par la Corée du Sud. En multipliant les tirs au même moment, la Corée du Nord espère qu’au moins un des missiles, potentiellement porteur d’une tête nucléaire même si cela n’est pas obligatoire, puisse atteindre le territoire japonais et notamment les bases américaines sur le territoire japonais.
Il y a eu des essais nucléaires de la part de la Corée du Nord, la menace est-elle réelle ?
La menace est réelle et la Corée du Nord a un programme nucléaire et balistique bien plus développé que le programme iranien. En Iran, on a mis beaucoup de pression à Téhéran pour que son programme d’enrichissement d’uranium s’arrête, mais la Corée du Nord poursuit ses efforts. Elle veut non seulement se doter d’une capacité nucléaire, mais aussi d’une capacité balistique qui lui permette d’envoyer ses bombes nucléaires vers ses objectifs, donc crédibiliser sa dissuasion nucléaire. Le pays voudrait être accepté comme une puissance nucléaire reconnue officiellement, mais pour le moment, il est rejeté en tant que tel par l’ensemble de ses partenaires.
Y a-t-il aussi une forme de pression exercée sur la communauté internationale de la part de Pyongyang ?
La Corée du Nord veut s’imposer comme une puissance nucléaire. Mais le contexte est aussi très tendu en Asie, donc il y a la volonté de répondre aux manœuvres de la Corée du Sud et des États-Unis, qui ont lieu tous les ans.
On sait qu’à chaque occasion, la Corée du Nord procède à des provocations militaires pour répondre à ses manœuvres entre la Corée du Sud et les États-Unis. Mais là, s’ajoute une sorte de fuite en avant de la part du régime nord-coréen.
Valérie Niquetà franceinfo
On a vu l’assassinat du frère du dirigeant nord-coréen et suite à cela, des tensions très fortes avec la Malaisie : rappel de l'ambassadeur, blocage des diplomates malaisiens en Corée du Nord... On a donc l’impression que la Corée du Nord est sur une pente de fuite en avant dans la provocation. D’où les réactions d’indignation de la part de Tokyo, de Washington et des Nations unies.
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