Pour le mariage, les artificiers de Jacques Couturier Organisation (JCO) ont préparé un gigantesque spectacle
Quatre tonnes de produits pyrotechniques et dix tonnes de matériel pour quinze minutes d"anthologie. Le 2 juillet à minuit, "bouquets lumineux, comètes éblouissantes, gerbes fleuries, perles multicolores ou encore étoiles phosphorescentes" éclateront au-dessus de la baie de Monaco, sur des musiques choisies pour les mariés.
Pour Charlene, Africa du Sud-Africain Johnny Clegg accompagnera une évocation de son pays natal. Pour Albert, Street of Philadelphia de Bruce Springsteen rendra hommage à la ville natale de sa mère, l'actrice américaine Grace Kelly.
Le thème de l'amour sera illustré par de grands classiques : It's a man's world de James Brown ou Hymne à l'amour d'Edith Piaf, interprété a cappella par Johnny Hallyday, quand 1.001 roses rouges embraseront le ciel monégasque.
Pour ce spectacle à très forte charge explosive, rien n'a été laissé au hasard avec, sécurité oblige, une organisation de type paramilitaire et une interdiction de circulation maritime dans une zone de 300 mètres autour des points de tirs.
Le 1er juillet à l'aube, trois camions spéciaux arriveront sur place pour décharger les produits pyrotechniques, au port de Fontvieille à Monaco. Puis les pièces seront mises en place, sans être amorcées, sur des pontons et des barges dans la baie de Roquebrune, à l'abri du vent. Samedi après-midi seront placées les bombes de gros calibres, celles qui projetteront leurs éclats à plus de 300 mètres d'altitude.
A partir de 21h, les pontons seront positionnés à l'aide de trois remorqueurs, selon des coordonnées GPS précises, et les charges seront connectées via récepteur à la régie de tir. Et à minuit exactement, le chef artificier de "JCO" appuiera sur les boutons de la console de commande, en ouverture du bal princier.
Saga familiale
Le Vendéen Jacques Couturier va peindra le ciel monégasque de 1.001 roses de feu. L'histoire des Couturier semble elle aussi échappée d'un conte. Né un 14 juillet - "c'est vrai, je vous assure" - le père, Jacques, n'a pu résister à l'appel des "feux", comme il dit, qui ont rythmé chacun de ses anniversaires. Ce fils d'ouvrier agricole avait à l'origine choisi le métier d'instituteur, et pendant 17 ans il a exercé dans sa petite école vendéenne. A 40 ans, en 1988, il a tout lâché pour suivre sa destinée.
Son premier grand feu d'artifice s'inspire du Spleen de Baudelaire, loin des spectacles habituels : on y voit deux pelleteuses combattre, telles de gigantesques dinosaures, tandis que les feux donnent vie à la fantasmagorie rythmée par le poème.
Il est vite remarqué par les dirigeants de la capitale européenne des feux d'artifice, Monaco. On l'invite à participer au grand festival pyrotechnique annuel. Il le remporte du premier coup, en 1996, avec Verlaine cette fois, et devient le premier Français couronné après plus de dix ans de palmarès étranger.
La société familiale, un site Seveso inséré dans le bocage vendéen, a remporté en 2009 la "Finale des vainqueurs", le championnat du monde organisé tous les quatre ans à Monaco. Les Couturier ont aussi raflé en 2007 le 1er prix du festival pyrotechnique de Liuyang, en Chine, chez les maîtres de l'art.
La marque des Couturier - car Jacques a été rejoint par ses enfants - c'est l'âme de leurs spectacles : "une histoire, de la musique, des images quand on peut...". Au bord de l'étang qu'il s'est offert, il teste, la nuit, avec ses 25 salariés, les derniers arrivages de fusées aux noms évocateurs: "zig-zag ravageur", "serpentine" ou "tintamarre". Chacun note, chronomètre, évalue le bruit - "craquelant", "croustillant" - et les couleurs, pour compléter le "plan de tir" des prochains tableaux.
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