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Présidentielle : 50 personnalités signent un "Pacte contre l'échec scolaire"

A quatre mois de la présidentielle, l'Afev, association d'aide aux élèves en difficulté, publie dans Libération, et en partenariat avec France Info, un "pacte contre l'échec scolaire". Des solutions existent : reportage dans le micro-lycée de la Courneuve qui accueille des élèves en rupture de ban.
Article rédigé par Isabelle Chaillou
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Franceinfo (Franceinfo)

C'est un petit bâtiment, pas très loin de la cité des 4.000. Une des plus
sensibles d'Ile-de-France. Mais les élèves, eux, viennent de tous les
milieux sociaux. Ils sont 40 à suivre des cours de première et de terminale, encadrés par onze professeurs pour  préparer un bac général. Un objectif ambitieux pour des adolescents qui
avaient totalement abandonné l'école,
pendant des mois, voire des années.  

J'en étais arrivée à ressentir de la peur

Fatima, 20 ans,
avait complètement décroché après
avoir été orientée en bac pro métiers du
bâtiment, une filière qui ne l'intéressait pas du tout. L'école est alors
devenue une souffrance quotidienne. "J' en étais
arrivée à ressentir de la peur, de la crainte d'aller en cours, d'être
confrontée aux profs et aux élèves, de me faire engueuler devant tout le monde.
Je me sentais perdue au milieu d'une masse d'élèves, c'est vraiment difficile de
s'accrocher dans une classe où on est plus de 30, les profs n' ont pas le temps
de faire du cas par cas. Au final, je n' avais plus envie d'apprendre parce que
j' avais peur."

Je veux un vrai boulot mieux payé

Sonia, une longiligne jeune fille, raconte la
même peur, la même douleur. Elle aussi a été orientée dans une filière qu'elle n'avait pas
choisie. Finalement elle a donc décidé d'entrer
dans la vie active et comme beaucoup d’élèves du micro lycée, c'est la confrontation violente avec le monde du travail qui a été le déclic pour
lui donner l'envie de reprendre les études. "j'étais vendeuse en prêt à porter, je devais faire du chiffre toute la journée et je me
suis dit, je ne veux pas faire ça toute ma vie, je veux un vrai boulot mieux
payé. Je me suis dis j'ai que 20 ans, je peux reprendre mes études pour avoir
un meilleur job, une meilleure situation
"

Ici, on ne met jamais zéro ou trois

Sonia est maintenant en 1ere section
"Economique et Social" dans ce micro lycée
de la Courneuve. Et elle compte bien avoir son bac pour faire ensuite un BTS. Pour pouvoir intégrer ce micro lycée, il
 faut avoir entre 16 et 25 ans, ne plus aller à l'école et aussi se
montrer volontaire. Il faut se déplacer
pour rencontrer les professeurs, ensuite
il y a un test de base sur la maîtrise du français car l' objectif est  d'avoir le bac
L ou ES. Mais ici, les cours sont personnalisés et fondés sur un rapport direct avec des professeurs particulièrement bienveillants et disponibles quasiment 24 heures sur 24. "On travaille en
tout petit groupe
", explique Nathalie Broux, la coordinatrice du micro lycée,
"nous mettons l'accent sur des matières comme la Philo et les Arts Plastiques.
Quant à l'évaluation, ici on ne met jamais zéro ou trois. Si un élève n'a pas réussi
un contrôle, alors il peut le refaire, demander des explications aux
enseignants. L'élève est valorisé pour ce qu'il arrive à faire et pas sanctionner pour ce
qu'il n'arrive pas à faire
".

Maintenant j'ai des projets, j'ai des envies

Ces méthodes portent leurs fruits. Le premier
résultat, c'est de redonner confiance à des adolescents qui avait perdu toute confiance en eux. Arthur est aujourd'hui
en 1ère L. Il avait pourtant quitté l'école
en seconde, il était alors "au bord du gouffre " mais le micro lycée l'a sauvé raconte-t-il. "C'est
comme un second souffle, je me sens revivre depuis que j' ai repris les cours. Ça m' a redonné l' envie d'apprendre, la motivation de me lever le matin même
si je dois faire 3 heures de transports en commun par jour. Maintenant j' ai des
projets, j'ai des envies, de bien meilleures relations avec mes parents. Je
suis fière de ce que je suis, et pour ça je peux dire merci le micro lycée
"

Ce micro lycée a aussi des résultats en terme de réussite au
baccalauréat. L' année dernière, 80 % des élèves ont eu leur
bac. Une trajectoire inespérée  pour des
adolescents étiquetés cancres pendant quasiment toute leur scolarité.  Mais ces structures expérimentales sont rares. Il n' y
en a que quatre dans toute la France, même si ces établissements ne coûtent pas très cher (autour de 9.000 euros par an et par élève) c'est-à-dire la même chose que pour un élève de lycée traditionnel. Chaque année, 150.000 adolescents quittent le système scolaire sans diplôme.


Reportage d'Isabelle Chaillou dans un micro-lycée de la région parisienne,

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