Ce que l'on sait des violences qu'aurait subies une nonagénaire dans un Ehpad du Val-de-Marne
L'aide-soignant a reconnu les faits. Il a été placé en détention provisoire avec une demande d'expertise psychiatrique en attendant la prochaine audience, le 22 mars.
Insultée, frappée, humiliée. Une nonagénaire a vécu un véritable cauchemar dans une maison de retraite d'Arcueil (Val-de-Marne). Un aide-soignant a reconnu avoir commis des actes de maltraitance sur une femme âgée de 98 ans pendant sa garde à vue, selon les informations de franceinfo. Cet homme a été présenté au tribunal de Créteil pour être jugé en comparution immédiate, vendredi 15 février, mais l'audience a été reportée au 22 mars. Il a été placé en détention provisoire avec une demande d'expertise psychiatrique.
Franceinfo fait le point sur cette affaire qui relance le débat sur les soins apportés aux seniors dans les établissements spécialisés.
Que s'est-il passé ?
Les enfants de la pensionnaire soupçonnaient des actes de maltraitance sur leur mère. Pour en avoir le cœur net, ils ont installé début février une caméra dans la chambre de La Maison du grand cèdre, du groupe Adef Résidences. Les images révèlent alors des faits inimaginables. La nuit du 5 au 6 février, il insulte et gifle la femme âgée qui éclate en sanglots.
Le lendemain, cette dernière appelle à l'aide pendant près de deux heures après être tombée de son lit. L'employé de 57 ans finit par intervenir. Selon le récit de la vidéo livrée au Parisien par ses proches, il tire la femme au sol pour la remettre dans son lit, avant de lui donner des coups de pied et des gifles et de la tirer par les cheveux. Il lui adresse également des insultes à plusieurs reprises : "Tu me fais chier espèce de vieille salope" ou "ferme ta gueule". La nonagénaire le supplie d'arrêter : "Comment tu veux que je fasse", "pitié pour moi".
Que dit l'aide-soignant ?
La famille de la nonagénaire a porté plainte dans la foulée et l'aide-soignant a été placé en garde à vue mercredi. Cet homme travaille dans le centre depuis son ouverture, il y a neuf ans. Il a d'abord nié les faits qui lui sont reprochés avant de passer aux aveux, après avoir été confronté aux images tournées par la famille. Dans son récit qui a révélé l'affaire, Le Parisien ajoute que l'homme s'était adressé avec bienveillance à la nonagénaire, quelques heures avant de commettre des violences. "Dors bien, je te laisse la lumière allumée ?", lui aurait-il même déclaré, avant de lui faire une bise.
Au tribunal, ce quinquagénaire a dit vouloir s"'excuser auprès de la famille" de la nonagénaire, selon les informations de France 3. Il a demandé le report en espérant être placé sous contrôle judiciaire, et non en détention, mais cette requête a été rejetée. Son avocate a demandé une expertise psychiatrique en rappelant qu'il était vu comme un employé modèle et qu'il exerçait depuis vingt ans cette profession. Elle ajoute que son client ne comprend pas ce qui lui a pris.
La nonagénaire avait-elle déjà été violentée ?
Cette femme avait été placée dans l'établissement en novembre 2016, toujours selon les informations du Parisien. Ses proches ont commencé à se poser des questions quand ils ont aperçu des hématomes sur son visage. Ses filles ont ensuite été reçues par la direction de l'établissement, qui a cherché à dissiper leurs doutes. Pour l'heure, il est impossible d'établir avec certitude l'existence de coups avant cette affaire. La victime souffre toutefois d'une double fracture du fémur, mais celle-ci a peut-être été causée par la chute qui a motivé son appel à l'aide, la nuit du 6 au 7 février. Cette pensionnaire a été hospitalisée pendant une semaine et elle a désormais changé de maison de retraite, selon les informations de France 3.
Comment réagit le groupe de l'Ehpad ?
Le groupe Adef Résidences a déploré un "acte de violence insoutenable" et a mis à pied son salarié, "dès connaissance des faits", a affirmé l'Ehpad. "Cet acte de maltraitance a aussitôt fait l'objet de signalements auprès de l'ARS [agence régionale de santé] et du procureur de la République par l'établissement". L'ensemble des familles de résidents ont été informées. Certains d'entre elles doivent être entendues dans le cadre de l'enquête, notamment pour les résidents du même étage que la nonagénaire violentée.
La Maison du grand cèdre propose des chambres à 3 000 euros par mois et jouit d'une bonne réputation. Il est encore trop tôt pour savoir s'il y a d'autres victimes et si d'autres établissements sont concernés. La famille a confié à France 3 qu'elle avait été étonnée que l'enquête n'ait pas été plus longue et que le suspect ait été renvoyé en comparution immédiate.
Qu'en pensent les associations ?
"Hélas, [voici] encore un cas où on aurait pu anticiper le cas de maltraitance", a réagi sur franceinfo Claudette Brialix, la présidente de Fédération nationale des associations et amis de personnes âgées et de leurs familles. Elle estime que les directeurs d'établissement doivent écouter les familles quand elles viennent leur relater des faits. Elle ajoute également que le métier d'aide-soignant est difficile et qu'il peine à attirer des candidats. "On prend les candidats qui se présentent, la notion de sélection n'est plus possible ou alors vous laissez dans certains cas des postes vacants."
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