Maltraitance dans les Ehpad : "Orpea c'est l'arbre qui cache la forêt, il y a également Korian et Domusvi", affirme un avocat de familles plaignantes
Le gouvernement a publié mardi le rapport d'enquête administrative qu'il a commandé en février sur Orpea. Le leader mondial des Ehpad est notamment accusé de maltraitance dans ses établissements.
"Orpea, c'est l'arbre qui cache la forêt, il y a également Korian et Domusvi, c'est bonnet blanc et blanc bonnet", a déclaré mardi 5 avril sur franceinfo maître Fabien Arakelian. Le gouvernement a publié mardi le rapport d'enquête administrative qu'il a commandé en février sur Orpea et qu'il refusait jusqu'alors de rendre public "en raison du droit des affaires" . Ce rapport pointe du doigt de graves dysfonctionnements au sein du groupe privé d'Ehpad. "On a tous les ingrédients d'un vrai scandale de santé publique", estime Fabien Arakelian qui est avocat au barreau de Hauts-de-Seine et qui représente plusieurs familles plaignantes
franceinfo : Ces conclusions vont-elles dans le sens des familles que vous défendez ?
Fabien Arakelian : Totalement, c'est le constat que nous faisons depuis de longs mois pour ne pas dire des années. Tout ce qui est évoqué dans ce rapport c'est ce qui figure déjà dans nos plaintes et qui est sur le bureau de nombreux procureurs de la République dans la France entière.
Au-delà de la maltraitance, il y aussi le problème financier. Qu'en est-il ?
On a tous les ingrédients d'un vrai scandale de santé publique, de la maltraitance, des documents financiers dont on vient nous dire qu'ils sont insincères, une gestion des ressources humaines dégradée. Dans ce rapport, on vient élargir et nous dire que tout cela on peut le constater dans le secteur plus globalement des Ehpad. Orpea c'est l'arbre qui cache la forêt puisqu'avec Orpea il y a également Korian et Domusvi. C'est bonnet blanc et blanc bonnet.
Est-ce que vos clients ont déposé plainte ?
Absolument, on a actuellement pas loin d'une soixantaine de plaintes qui sont déposées avec des ouvertures d'informations judiciaires, d'enquête préliminaires. Nous espérons que tout cela va s'accélérer dans les prochaines semaines pour aboutir, pourquoi pas, aux premières mises en examen. J'espère que maintenant tout le monde va prendre conscience de tout cela, qu'on ne s'agite pas parce qu'on est en campagne électorale et que la justice se mette sérieusement au travail.
Est-ce que des drames auraient pu être évités ?
On parle de dénutrition, de déshydratation, on parle de personnes âgées qui ont été découvertes, et c'est écrit notamment par les sapeurs-pompiers de Paris, inconscientes dans leur lit sans avoir été vues depuis la veille au soir. Tout ça pour faire des économies. Aujourd'hui, tout cela est établi par les plus grandes institutions de l'Etat, un ministère qui vient faire ces constats. Ce sont quand même des établissements et des sociétés qui vivent grassement avec des dotations publiques.
Est-ce que vous recevez encore de nouveaux dossiers ?
Tous les jours. Au-delà des familles il y a aussi les salariés de ces établissements qui se manifestent. La parole se libère. Les salariés se manifestent parce qu'ils se rendent compte que tout cela avance dans le bon sens. Ils risquent d'être poursuivis mais on fera les comptes entre le lanceur d'alerte et celui qui donnera les ordres. On a besoin dans ces procédures de personnes qui viennent attester de ce qui se jouait dans ces établissements.
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