Téléphones fixes en prison : appeler "ses proches à toute heure est extrêmement important" notamment pour la "prévention du suicide"
François Bes, coordinateur au sein de l'Observatoire international des prisons, a salué, mardi sur franceinfo, la décision prise par le ministère de la Justice d'installer progressivement un téléphone fixe dans chaque cellule des prisons françaises.
"Cela permettra, dans la mesure du possible, de joindre ses proches plus facilement", a expliqué François Bes, mardi 2 janvier sur franceinfo. Le coordinateur au sein de l'Observatoire international des prisons a également salué la décision du ministère de la Justice qui va progressivement installer un téléphone fixe dans chaque cellule dans les prisons françaises. Cela fait suite à une expérimentation en 2016 dans la prison de Montmédy (Meuse).
franceinfo : L'installation de téléphone fixe dans les cellules est-elle une bonne mesure ?
François Bes : Il faut saluer cette nouvelle qui est une avancée. Jusqu'à présent, le téléphone fixe était accessible dans des cabines téléphoniques disponibles que quelques heures par jour. Les témoignages des personnes détenues montraient que pour contacter la famille, les enfants après l'école, le conjoint après le travail, c'était tout à fait impossible. Le fait d'ouvrir les plages horaires est à saluer. Cela permettra, dans la mesure du possible, de joindre ses proches plus facilement. C'est donc un bon signal, mais beaucoup d'autres choses doivent être travaillées. Je pense à l'accès à Internet et aux mails. A l'heure actuelle, pour préparer sa sortie, il faut pouvoir prospecter. Maintenant tout passe par Internet, il est possible d'y avoir accès que dans quelques très rares prisons. C'est nécessaire pour préparer sa réinsertion.
Est-ce que cela peut vraiment faire baisser le trafic de téléphones portables ?
Si la tarification devient accessible cela pourra faire baisser la circulation de téléphones portables, mais ça ne résoudra pas tout. On est dans un système très limitatif avec quatre numéros autorisés et ils sont contrôlés. Certaines personnes détenues peuvent présenter des risques, mais là on limite l'accès au téléphone pour l'ensemble des personnes détenues. On a bon nombre de détenus qui n'ont rien à voir avec de la délinquance et qui ne sont pas du tout dans la velléité de poursuivre un trafic. Pourquoi ne pourraient-ils pas contacter les personnes qu'ils souhaitent ? Il reste un point qui n'est pas du tout abordé. C'est la question de la tarification parce que les téléphones sont facturés à la minute, et ça revient extrêmement cher. Un détenu m'avait expliqué que pour parler à ses proches tous les jours, il en avait au minimum pour 150 voire 200 euros par mois. Et là, dans l'annonce qui a été faite, on sera a priori aligné sur les mêmes tarifications. Il faut que ça puisse devenir accessible pour les personnes détenues.
Quel est le bilan de l'expérimentation dans la prison de Montmédy, dans la Meuse ?
C'est un bilan apparemment plutôt positif, mais qui n'a concerné qu'une quarantaine de détenus sur les 300 dans l'établissement. Le coût des communications a été très certainement un frein à cette expérimentation. Avoir accès à ses proches à toute heure, c'est extrêmement important. Je pense aux questions de prévention du suicide. Je me souviens de la mère d'un détenu qui avait eu son fils au téléphone et qui lui demandait de ne pas le laisser tout seul .Elle lui a parlé plusieurs heures et elle pense qu'elle a évité le suicide. Cela peut être utile dans ce genre de situation.
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