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Visite de la nouvelle prison de la Santé, remise aux normes "du XXIe siècle" après quatre ans de travaux

La prison parisienne s'apprête à rouvrir à l'automne. Mais la rénovation et la modernisation de l'établissement pénitentiaire, construit il y a plus de 150 ans, ne devraient pas permettre de respecter le principe d'un seul détenu par cellule.  

Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La cour d'honneur de la prison de la Santé, en juin 2018. (MATHILDE LEMAIRE / RADIO FRANCE)

La prison de la Santé était l'un des établissements pénitentiaires les plus délabrés de France. Après quatre ans de travaux, la seule prison de Paris s'apprête à rouvrir à l'automne. Alors que cet énorme chantier de plusieurs dizaines de millions d'euros s'achève, franceinfo a pu visiter la nouvelle maison d'arrêt, qui accueillera dans quelques mois au moins 800 détenus. 

La nouvelle porte de la prison de la Santé, au cœur du 14ème arrondissement de Paris, en juin 2018. (MATHILDE LEMAIRE / RADIO FRANCE)

La prison de la Santé, inaugurée en 1867 en périphérie de Paris, se situe aujourd’hui, avec le développement de la ville, au cœur du 14e arrondissement. Il est impossible de l'agrandir. À cette contrainte d'urbanisme s’ajoute la présence en sous-sol de carrières et de catacombes classées. Il a fallu aussi garder ouvert, pendant le chantier, le quartier de semi-liberté avec une centaine de détenus qui sortent la journée mais rentrent dormir dans l'établissement.

Des coursives élargies et des cellules équipées

Finalement, cette prison historique a été en partie démolie et en partie rénovée, mais partout remise aux normes. Dans la cour d’honneur, la directrice de la prison de la Santé, Christelle Rotach, désigne "la porte historique", puis, à droite, "la porte moderne, qui s’intègre parfaitement dans l’architecture ancienne", souligne-t-elle. C'est dans cette cour que se tenaient les exécutions capitales, avant l'abolition de la peine de mort en 1981.

L’entrée d’un des nouveaux quartiers de la prison de la Santé, à Paris, en juin 2018.  (MATHILDE LEMAIRE / RADIO FRANCE)

On ouvre les serrures, on pousse les lourdes portes pour découvrir des parloirs agrandis, une dizaine de cours de promenades, toujours avec des barbelés mais aussi des espaces végétalisés et la place pour courir quelques mètres.

Une des dix cours de promenade de la prison de la Santé à Paris, en juin 2018.  (MATHILDE LEMAIRE / RADIO FRANCE)

Des coursives élargies donnent sur des cellules propres. "Ce sont des cellules de 9,5 m2", indique la directrice de la prison. "Parmi les nouveautés, on a la douche en cellule, les équipements mobiliers pour les effets personnels, la télévision, un réfrigérateur et une plaque chauffante", précise Christelle Rotach.

La prison reste un lieu de privation de liberté. Il n’est pas question de casser les gens ou de les humilier par des conditions qui ne seraient pas conformes aux standards du XXIe siècle.

Christelle Rotach, directrice de la prison de la Santé

à franceinfo

Le problème de la surpopulation reste entier

Malgré un principe pourtant posé en France dans les textes depuis 1875, l'objectif d'un seul détenu par cellule ne sera pas respecté, même dans cette prison pourtant rénovée. La pression exercée par les autres établissements franciliens, notamment ceux de Fresnes et de Fleury-Mérogis où le taux d'occupation est de 200%, est trop forte. La directrice de la Santé, Christelle Rotach, a déjà demandé des lits superposés à la place de lits simples. "Je préfère anticiper une surpopulation que de parer à l’urgence ensuite, en mettant des matelas à même le sol, comme on le voit dans certains établissements", déclare-t-elle.

Une des coursives de la nouvelle prison de la Santé, après la rénovation, en juin 2018. (MATHILDE LEMAIRE / RADIO FRANCE)

Dans son discours, Christelle Rotach, qui a déjà accompagné l’ouverture de la prison des Baumettes II à Marseille (Bouches-du-Rhône), préfère insister sur les technologies dont dispose son établissement. Les évasions légendaires de La Santé, comme celles de Jacques Mesrine en 1978 ou celle de Michel Vaujour, en 1986, dont l'épouse avait piloté un hélicoptère, ne seront plus possibles, souligne Christelle Rotach. "On a tout un tas de systèmes pour empêcher les évasions. Ils permettent de détecter les circulations dans les zones qui sont interdites", détaille-t-elle. Un autre système concerne le brouillage des téléphones. Le pendant, c’est le développement de la téléphonie fixe dans chaque cellule." Le défi n'était pas simple à accomplir. Il fallait pouvoir brouiller les communications mobiles dans la prison, sans perturber celles des nombreux immeubles d'habitation tous proches.

Les détenus attendus en fin d'année 

Cyril, surveillant pénitentiaire, a travaillé dans l'ancienne prison de la Santé délabrée et s'apprête à participer à l'ouverture à l'automne. "On tourne la page. On passe à quelque chose de nouveau. L’architecture, la sécurité, des caméras partout, c’est beaucoup plus clair, fait remarquer le surveillant. C’est quand même mieux que des locaux qui ont 200 ans. Vous mettez une douche en cellule, déjà ça fait des mouvements en moins et de la qualité dans la gestion de la détention."   

L'ensemble du personnel est attendu dans les murs en septembre pour la vérification complète des lieux et le rodage des procédures. L'arrivée des détenus est prévue à fin de l'année, sans autre précision. Chaque semaine, dix détenus rejoindront la Santé, pour une montée en charge progressive.

Visite de la prison de la Santé à Paris, rénovée et modernisée - un reportage de Mathilde Lemaire

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