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La prostitution coûte 1,6 milliard d'euros par an à la société, estime une étude

Cette étude, financée par la commission européenne, tente d'établir le coût économique et social de la prostitution pour la société française.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une prostituée, le 19 octobre 2013 à Toulouse (Haute-Garonne). (REMY GABALDA / AFP)

Combien coûte la prostitution à la société française chaque année ? C'est la question à laquelle tente de répondre une étude dont les conclusions sont dévoilées jeudi 28 mai. Résultat : elle pèse 1,6 milliard d'euros, selon une estimation. 

Quel est le coût de la prostitution ?

Cette étude établit à 311 millions d'euros le coût humain pour les prostituées, soulignant notamment qu'elles sont 6 fois plus exposées au viol que la population générale et 12 fois plus au risque de suicide.

Les conséquences sociales indirectes (placement des enfants, perte de production due aux incarcérations pour proxénétisme, homicides et suicides) pèsent quant à elles 306 millions, dont 228 millions d'euros pour les décès liés à la prostitution. Les frais de police et de justice sont, eux, évalués à 35 millions et les frais de santé (consultations médicales, IVG, médicaments, addictions) à 86 millions.

En comparaison, les dépenses sociales (hébergement d'urgence, allocations sociales, actions de prévention, etc.) dont bénéficient les prostituées sont estimées entre 50 et 65 millions et les fonds publics alloués aux associations qui leur viennent en aide ne s'élèvent qu'à 2,4 millions d'euros, déplorent les auteurs.

Quel est le manque à gagner pour la société française ?

Les auteurs évaluent à 3,2 milliards le chiffre d'affaires de la prostitution, en se basant sur une estimation du nombre de prostituées et leurs gains mensuels moyens supposés. Ils aboutissent à un revenu annuel moyen par prostituée d'environ 87 700 euros.

Toutefois, "l'argent des clients de la prostitution est en bonne partie soustrait au circuit de l'économie classique" et notamment "envoyé à l'étranger", affirme l'étude, qui établit à 853 millions d'euros cette évasion fiscale. "Si les clients de la prostitution dépensaient leur argent dans n'importe quelle autre activité, la société française économiserait chaque année plusieurs centaines de millions d'euros de dépenses liées aux conséquences de la prostitution et augmenterait ses recettes fiscales", affirment les auteurs de l'étude.

Comment interpréter cette enquête ?

Pour arriver à de tels résultats, les auteurs estiment que 37 000 personnes sont prostituées en France, dont la grande majorité (62%) officieraient sur internet, 30% dans la rue et 8% dans des bars à hôtesses ou salons de massage.

Financée par la Commission européenne, l'étude, baptisée ProstCost, a été réalisée par le Mouvement du nid, une association de soutien aux personnes prostituées favorable à la pénalisation des clients et à l'abolition de la prostitution, et par la société d'experts Psytel, qui avait conduit le même type de travail sur les violences conjugales en 2009. Il ne s'agit donc pas d'une analyse scientifique, mais d'un travail effectué à partir de données nationales, d'études et d'enquêtes existantes, d'analyses d'experts et d'interviews de prostituées. Néanmoins, elle intéresse le gouvernement, selon Le Parisien (article pour abonnés).

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