Questions autour du déneigement des routes
“En Suède il y a très haut de neige et on roule, ici pour quelques flocons,
on peut plus rouler”. Stany, routier belge parqué sur une aire d'autoroute près de Carentan, en Normandie, est de mauvaise humeur. Les automobilistes ne sont pas mieux lotis. Près de Lamballe, en Bretagne, 600 d'entre eux ont été bloqués dans leurs voitures. Presque partout en Normandie et en Bretagne, les mairies ont dû ouvrir des salles pour accueillir les naufragés de la route. Dans un paysage devenu uniformément blanc, certains ont même du mal à retrouver le véhicule qu'ils ont abandonné, quand les secours sont venus les chercher.
Des scènes qui se sont répétées en Rhône-Alpes, ou dans le Loiret et partout où la neige est tombée abondamment. Malgré les alertes lancées à l'avance par Météo France, le réseau routier n'a pas été déneigé suffisamment à temps pour éviter les galères.
Le déneigement, c'est vrai, est une opération délicate. Si le sel est épandu trop tôt dans l'idée d'éviter que les routes soient verglacées, il sera chassé par le trafic automobile. Le sable doit être déversé dans des quantités très importantes pour être efficace. Quant aux chasse-neige, il leur faut passer assez souvent pour dégager les voies.
Et justement, une nouvelle difficulté est venue s'ajouter cette année, qui rend le passage de ces chasse-neige plus irrégulier encore : le 1er janvier dernier, l'administration territoriale de l'Etat a été profondément réformée. Et les directions départementales, bien connues, ont disparu au profit de services interministériels en nombre réduit. Les directions départementales de l'équipement (DDE) n'existent plus.
Or, avant la réforme, ces DDE s'occupaient à la fois du déneigement des nationales et des départementales. Une seule structure gérant un réseau départemental, elle pouvait harmoniser le passage des déneigeuses de manière cohérente. Aujourd'hui, deux structures sont responsables du déneigement : une administration interrégionale, interlocutrice de l'Etat, chargée des routes nationales, et des directions départementales, qui dépendent de chaque Conseil général.
Résultat, chacun gère son pré carré, sans trop s'occuper de l'autre. Les nouveaux circuits de passages des saleuses et autres équipements ont tendance à s'ignorer. Ainsi, des automobilistes ont-ils pu voir des nationales dégagées, alors que les bretelles d'accès ne l'étaient pas encore, ou bien des départementales encombrées, parce que les nationales étaient évacué avant que le réseau secondaire ne soit capable d'absorber le trafic.
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